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SÉANCE COMMÉMORATIVE
DE
SRI AUROBINDO

A la Sorbonne (Paris)
Le 5 Décembre 1955
M. FILLIOZAT : Nous remercions M. Jacques Lhomme et nous sommes profondément reconnaissants au Swâmî Siddhéswarânanda de son message.
Maintenant, Mesdames et Messieurs, MM. Râmachandran et Masui vont nous décrire la vie de Sri Aurobindo.
La parole est à M. Râmachandran, Premier Secrétaire de l'Ambassade de l'Inde à Paris.

3 - Allocution de Mr. S. G. Râmachandran :

Lorsqu'on me demanda de prendre la parole devant une si auguste assemblée pour parler de Sri Aurobindo, mon premier mouvement fut de refuser ce trop grand honneur, car je ne me sentais pas digne de parler du grand sage dont l'Inde a fait don à l'humanité, - et cependant j'ai accepté ! J'ai accepté à cause de l'admiration et du respect profond que j'éprouve pour ce grand saint et parce que j'ai senti que je ne devais pas refuser ce moyen qui m'était offert d'honorer la mémoire de celui qui, dans une période troublée de l'histoire de l'Inde, a été pour l'humanité inquiète et qui cherche sa voie, comme un phare qui luit à travers le brouillard.
Les plus grandes réalisations de l'homme ne sont pas d'ordre matériel, ce ne sont pas ces immenses empires qu'il détruit aussitôt après les avoir construits, mais c'est la lente perfection de son âme, de son esprit, qu'il doit poursuivre de génération en génération, dans un élan passionné vers le Vrai et le Bon. Ceux qui aident l'âme humaine dans cette recherche de l'idéal appartiennent pour toujours à l'histoire; on oublie les héros et les conquérants, mais les grands saints vivent éternellement dans la mémoire des hommes, et Sri Aurobindo a donné à l'humanité un nouvel espoir et une mission nouvelle.
Avant de parler de l'empreinte de la philosophie de Sri Aurobindo sur l'Orient et sur l'Occident, voyons rapidement l'influence que l'Orient et l'Occident ont eue sur lui et sa philosophie, pour lui permettre de devenir une personnalité mondiale. Il est né au Bengale, province du Nord-Est de l'Inde, où prédominent au point de vue religieux "le culte de la Mère, le tantrisme et le bhakti-yoga". Son père avait fait ses études de médecine en Angleterre, et pendant son séjour à l'étranger il avait été si envoûté par l'Angleterre, son système d'éducation, ses coutumes et ses méthodes que, plus tard, une fois installé dans son pays natal, il fit élever ses enfants d'abord dans un couvent anglais, puis en Angleterre même. Dans le couvent de Loretto, Sri Aurobindo reçut donc une instruction anglaise, dans la langue anglaise, et n'eut comme camarades que de jeunes Anglais. De sorte qu'il apprit le bengali, sa langue maternelle, après son retour dans l'Inde; il avait alors 21 ans.
Pendant les quelques années qu'ü passa en Angleterre, il étudia à fond l'anglais, le latin et le grec. Il se distingua si vite par son intelligence supérieure, ses grandes capacités et son excellent naturel, qu'à l'âge de 17 ans il obtint une bourse pour le "King's College". Là, il étudia l'histoire de tous les pays d'Europe, et montra un vif intérêt pour la littérature française, le grec et l'allemand.
Sa carrière dans l'administration, qui était l'ambition de tous les jeunes gens d'alors, fut, heureusement pour l'humanité, brisée par son absence à l'épreuve d'équitation…
Il fut appelé alors dans l'État de Barodâ qui désirait moderniser son système d'éducation.
De sorte qu'à l'âge de 21 ans, Sri Aurobindo avait passé 14 années en Occident et parmi les 7 années passées dans l'Inde, deux s'étaient écoulées entre les murs d'un couvent anglais.
Du fait de Lord Curzon, et de la division du Bengale, Sri Aurobindo, qui avait dirigé son activité dans le sens politique, fut arrêté à l'occasion de l'affaire des bombes de Mâniktalâ (1908), et passa en prison une année. Cette détention fut pour lui la pierre de touche de sa vocation; il fut illuminé par la flamme intérieure qui fit de lui le grand yogui qu'il demeura pendant 40 ans dans son 'Ashram' (ermitage) de Pondichéry, sous l'aile protectrice de la France.
Malgré son long séjour en Europe, et peut-être même à cause de cela, son amour pour l'Inde et l'Orient ne fit qu'augmenter avec le temps. Sa voix était celle d'un Oriental convaincu, qui cependant parle dans l'intérêt de tous les hommes, pour l'union de l'Orient et de l'Occident.
A l'Ashram de Pondichéry, il se voua entièrement à la pratique du yoga et à sa diffusion, et à la "réalisation" de Pouroushottama (Dieu transcendant et immanent) dans la vie active, et, lorsqu'il abandonna pour toujours la politique, il prononça ces paroles : "Tous les grands mouvements qui secouent notre peuple montrent qu'il attend le Chef envoyé par la divinité, et dépositaire de sa puissance, et c'est seulement quand il viendra que notre peuple pourra accomplir triomphalement ses destinées... Le parti nationaliste, gardien de l'avenir, doit attendre celui qui doit venir."
Il refusa dès lors de s'occuper de politique. L'idéal qu'il poursuit, à partir de 1910, est clairement exprimé dans Arya, une revue fondée à l'occasion de son 43
e anniversaire, le 15 août 1914, c'est une étude systématique des plus hauts problèmes de l'existence et la "formation d'une vaste synthèse de connaissances qui harmonise les diverses traditions religieuses de l'humanité, celles de l'Occident aussi bien que celles de l'Orient".
Sa méthode sera un réalisme à la fois rationnel et transcendantal, un réalisme qui tendra à unir les disciplines intellectuelles et scientifiques à celles de l'expérience intuitive.
Son but s'exprimait aussi en d'autres termes :
- Unité pour la race humaine, mais unité profonde, et non cette unité extérieure qui n'est qu'une association d'intérêts.
- Essor de l'âme humaine hors de la vie seulement matérielle et animale, des préoccupations seulement économiques, intellectuelles et esthétiques, vers les gloires de l'existence de l'Esprit.
- Descente de l'Esprit et de ses pouvoirs dans cette écorce qu'est le corps physique et le mental, son instrument, de sorte que l'homme puisse devenir ce surhomme qui sera aussi supérieur à l'homme actuel que l'homme actuel est supérieur à l'animal, dont la science nous dit qu'il descend.
Ces trois points n'en font qu'un, car l'unité fondamentale et le dépassement de sa nature actuelle ne peuvent s'obtenir qu'en "vivant la vie de l'Esprit".
Le 15 août 1947, jour de l'indépendance indienne et de son 76e anniversaire, il écrivait : "Mon dernier rêve était celui d'un échelon de l'évolution qui élèverait l'homme à un niveau de conscience plus haut et plus large, lui permettant de commencer à résoudre les problèmes qui se sont posés à lui et l'ont tourmenté depuis qu'il a commencé à penser et à rêver de perfection individuelle et sociale. Il y a un espoir personnel et une idée, un idéal qui a commencé à prendre forme dans l'Inde et en Occident, dans les esprits éclairés. Les difficultés sont, dans ces domaines, plus formidables que dans aucun autre, mais les obstacles sont faits pour être surmontés. Si cette évolution devait avoir lieu, étant donné qu'elle doit se produire à travers une amplification de l'esprit et de la conscience profonde, l'impulsion pourrait très bien venir de l'Inde et, malgré l'universalité de cette transformation, c'est l'Inde qui pourrait en être le centre."

En décembre 1907, Sri Aurobindo réalisa l'expérience du silence absolu et du calme infini du Brahman Suprême au-delà du temps et de l'espace, mais il sentit que sa sâdhanâ ne se terminait pas là. C'était l'expérience de l'Être, excluant la partie du Devenir, de la Réalité qui est être-devenir en un tout indissoluble. Depuis ce jour, Sri Aurobindo accepta la décision de Dieu quant à l'expérience finale. Le gourou, le guide de Sri Aurobindo, fut depuis ce moment Dieu même dans son coeur.
Son intention et son but étaient de changer la nature fondamentale de l'être humain.
La signification profonde, l'essence de sa sâdhanâ, à Pondichéry, était cette tâche grandiose. Sa vision de l'humanité future était très claire. Il avait contemplé le supramental, c'est-à-dire la Conscience de Vérité, l'instrument par lequel le Divin agit sur les plans inférieurs de la conscience, et sur l'inconscient. Il disait que la venue du surhomme était aussi sûre maintenant que la venue de l'homme l'était au temps des hominiens. L'étape à parcourir entre le mental et le supramentai est aussi réelle que l'étape qui a été parcourue entre la vie végétative et la vie consciente. L'homme sera transformé, car il ne voudra plus agir dans l'ignorance et par ignorance, mais en pleine connaissance, dans la lumière, l'amour, l'harmonie, l'ânanda (béatitude). Sri Aurobindo avait vu la possibilité, à ce stade futur de l'humanité, pour le supramental, de purifier et de diviniser toute la nature de l'homme, son corps matériel, son être vital et son mental. Sa sâdhanâ consistait à accélérer le processus en lui-même et en ses disciples les plus fervents.
Il disait aussi : "Le but de notre yoga est de faire descendre dans l'homme une Conscience, une Puissance, une Lumière, une Réalité, différentes de la conscience dont se satisfait l'humanité moyenne, une Conscience, une Puissance et une Lumière de Vérité, une Réalité Divine qui doivent élever la conscience terrestre et tout y métamorphoser. N'oubliez pas que le but final des autres yoga n'est pour nous qu'une première étape, une première condition."
Dans les yoga traditionnels de l'Inde, les hommes étaient heureux s'ils pouvaient sentir la conscience du Brahman ou la conscience cosmique, ou une descente de Lumière et de Puissance, un message de l'Infini. Ils estimaient suffisant pour leur mental de faire quelques expériences spirituelles, et pour leur être vital, d'entrer en contact avec le mental. Ils recherchaient le Brahman statique qu'ils prenaient comme objectif et considéraient comme but final.
Sri Aurobindo était conscient de ce qu'il devait à la France et à cet asile de Pondichéry où il put poursuivre en paix son yoga. Dans une lettre à Baptista qui lui demandait de redescendre dans l'arène politique et d'entreprendre la publication d'un journal nationaliste, il répondit : "Pondichéry est le lieu de mon 'tapas', mais de mon 'tapas personnel' et non du renoncement habituel. Avant d'en sortir je dois me perfectionner dans la voie de la 'sâdhanâ' que j'ai choisie."
Sri Aurobindo était aussi un lettré et un poète. Il avait touché à quantité de sujets comme la littérature, la politique, le spiritualisme, la philosophie, la culture, le yoga, la sociologie, etc...
Dans chacun de ces domaines, il avait apporté une contribution originale et constructive. Son interprétation et ses commentaires des Véda, des Oupanishad et de la Guitâ montrent chez lui une grande érudition et une rare profondeur de pensée. En fait, toutes les oeuvres de Sri Aurobindo sont des "sommes" et feront époque dans l'histoire de la culture humaine. Chacune d'elles demanderait à un être bien doué une vie entière d'efforts assidus.

Mon ambition va être plus modeste et je vais maintenant avoir besoin de toute l'indulgence d'un auditoire aussi cultivé, car j'ai peur de malmener le sujet si difficile de l'empreinte de l'enseignement de Sri Aurobindo sur l'Orient et sur l'Occident.
Ces dernières années, d'éminentes personnalités de toutes les sphères sociales se sont groupées à Pondichéry pour que la présence proche de Sri Aurobindo, la majesté et la sublimité de son message, illuminent leur âme d'une lumière nouvelle. L'influence de Sri Aurobindo sur l'Occident a été plus importante et plus profonde qu'on ne le croit généralement.
L'Irlande a montré un vif intérêt pour Sri Aurobindo et son oeuvre. Un célèbre auteur irlandais, Morwenna Donnelly, appelait Sri Aurobindo "un poète mystique dont la vision était à la fois créatrice et prophétique".
Nous trouvons des traces non négligeables de l'influence et de l'enseignement de Sri Aurobindo dans les écrits de deux auteurs anglais contemporains : Gerald Heard et Aldous Huxley, qui ont même ouvert une école de yoga, dans laquelle un grand nombre d'Européens s'entraînent à la discipline du yoga selon les méthodes indiennes. D'autres écrivains, et non des moindres, ont pris un grand intérêt à l'enseignement de Sri Aurobindo.
Le grand écrivain français Romain Rolland parle de la synthèse complète des cultures orientale et occidentale, réalisée par Sri Aurobindo qui "tient dans ses mains tendues l'arc, de l'impulsion créatrice, la promesse de lendemains meilleurs".
L'écrivain mystique bien connu Paul Richard considérait Sri Aurobindo comme Shiva lui-même, le dieu de la paix divine et de la parfaite sérénité, et était convaincu que personne au monde ne pouvait lui être comparé. Il a parlé de Sri Aurobindo comme du sauveur de l'Inde, comme de celui qui serait bientôt, dans la pure lumière d'un jour nouveau, le gourou de l'Asie, l'éducateur du monde.
Après avoir vu Sri Aurobindo à l'Ashram de Pondichéry, l'éminent savant Tan, fondateur de la Société Culturelle sino-indienne, déclara dans une conférence de presse que, de même que, dans le passé, le conquérant spirituel de la Chine avait été un Indien, un autre Indien, le grand yogui Sri Aurobindo, serait le nouveau conquérant spirituel de la Chine future, Sri Aurobindo, le porteur de la lumière qui dissipe l'obscurité enveloppant le monde actuel ; car une lumière nouvelle lui est apparue, une lumière qui va remodeler l'humanité à l'image de la perfection divine. Les ténèbres qui s'épaississent autour de nous ne sont que les dernières ombres de la nuit qui va céder la place à l'aurore ; Sri Aurobindo avertit l'homme afin qu'il soit prêt à saluer cette aube glorieuse. Il travaille dans le silence, sans cesse à la recherche d'âmes à aider et à préparer à la vie intérieure. Les réponses à son appel vinrent nombreuses. Le célèbre penseur anglais Francis Younghusband écrivait, après avoir lu La Vie Divine: "Je considère bien sincèrement ce livre comme le plus grand qui ait été écrit dans les temps présents." Gabriela Mistral, écrivain chilien, prix Nobel de littérature, disait : "C'est Tagore qui a éveillé en mon âme la musique qui y sommeillait, et c'est un autre Indien, Sri Aurobindo, qui m'a révélé la religion."
L'Amérique montre un intérêt de plus en plus grand pour l'enseignement de Sri Aurobindo; son livre La Vie Divine fait maintenant partie du programme de philosophie de l'Université de Cornell, tandis que l'Université de Harvard s'intéresse particulièrement au yoga intégral. Monsieur Spiegelberg, de la section des Études Asiatiques de l'Université de Stanford, en Californie, auteur de nombreux livres sur les religions, alla voir Sri Aurobindo à l'Ashram au début de 1949 et, à son retour, déclara à la presse que, bien qu'il n'ait pu voir Sri Aurobindo que quelques secondes, ces quelques secondes demeureraient toujours vivantes dans son esprit. Il écrivait dans "Mother India" de Bombay "Je suis vraiment heureux d'être entré en relation avec Sri Aurobindo au soir de ma vie, car, après avoir vainement cherché toute mon existence la solution des problèmes éternels que se pose l'humanité, je suis maintenant capable de comprendre et d'apprécier la réponse de Sri Aurobindo à ces questions. En 1947 j'ai lu La Vie Divine et ce livre fut pour moi une révélation; aucun philosophe, à ma connaissance, n'a eu des vues métaphysiques aussi larges." Dans un autre article, il écrivait : "Je vois déjà le jour où les enseignements donnés par Sri Aurobindo, la plus grande voix spirituelle de l'Inde, seront reçus par toute l'Amérique, pour laquelle ils auront un immense pouvoir d'illumination."
De toutes les parties du monde, des lettres parvenaient dans l'Inde demandant des renseignements détaillés sur les activités de l'Ashram, et les ouvrages de Sri Aurobindo étaient de plus en plus lus et recherchés. Une bibliothèque portant son nom fut créée à New-York pour propager à travers toute l'Amérique les enseignements du Maître, en diffusant ses oeuvres, et particulièrement son ouvrage le plus important : La Vie Divine.
Mais, de tous les pays d'Europe, c'est la France qui a montré l'intérêt le plus vif pour Sri Aurobindo et son évangile de la vie divine sur terre. Ses livres ont été, en assez grand nombre, traduits en français, et leur succès ne s'est jamais démenti. N'y aurait-il pas un lien psychique, une parenté secrète entre nos deux pays ? J'ai déjà parlé du tribut d'admiration payé par Romain Rolland et Paul Richard à l'oeuvre de Sri Aurobindo. Je pourrais en citer bien d'autres. Voici, par exemple, quelques phrases qui reflètent l'éblouissement de Maurice Magre, poète et penseur, devant la pensée de Sri Aurobindo : "Oh ! Maître ! Tu es assis dans la solitude parfaite, la sérénité divine, l'extase réalisée. Mon admiration s'élève vers toi, dans le silence de la nuit, vers toi qui as franchi la porte de la perfection. Dis-moi comment doit s'élever la spirale de la méditation, donne-moi une formule de prière, même une syllabe à laquelle je m'accrocherai comme un nageur qui a trouvé une bouée."
Ce ne sont pas là flambées passagères d'enthousiasme de la part de quelques êtres sentimentalement épris de l'Inde, non, ces phrases émouvantes reflètent le besoin d'idéal ressenti par une partie déjà évoluée de l'humanité; elles sont le cri de l'âme humaine qui réclame la paix et l'harmonie, dans un monde déchiré par la haine, la discorde et la guerre.
L'empire de l'Esprit, dont l'Inde rêve déjà depuis des millénaires, va-t-il être édifié par elle dans le coeur et l'esprit de l'homme ? Ce rêve va-t-il donc devenir une réalité ? Il prendra sa forme définitive lorsque l'homme écoutera enfin la parole du Maître, la dernière parole créatrice de l'Inde, parole qui est sur ses lèvres depuis l'aube de son histoire, et qu'elle attendait de pouvoir prononcer, pour la rédemption de la race humaine, sa libération, et son entrée dans une vie plus élevée, sur un plan supérieur de Connaissance, de Béatitude, de Liberté et d'Harmonie, base du royaume spirituel de l'Inde, tel que l'envisage Sri Aurobindo.

Il a été aussi le plus grand inspirateur de la renaissance actuelle de l'Inde. Dans sa déclaration faite au lendemain de l'Indépendance, il disait que le premier de ses rêves était le grand mouvement qui créerait une Inde libre et unie. "Un autre rêve poursuivait-il, était le réveil et la libération de tous les peuples d'Asie, afin qu'ils reprennent leur place d'autrefois dans la civilisation en marche."
Son troisième rêve était une union de tous les hommes afin d'édifier une vie plus belle et plus noble. "Cette union se fera, disait-il, nous pouvons en voir une ébauche encore imparfaite, qui se débat parmi des obstacles sans nombre, mais l'élan est donné, il se poursuivra et vaincra. Sa course pourra être interrompue par quelque catastrophe, le terrain gagné pourra être perdu, il n'importe ! le succès final est inéluctable, car l'union est une nécessité de la nature, un processus inévitable y conduit. Elle est aussi indispensable aux nations qu'aux individus, car la vie des petits États, sans elle, serait perpétuellement en péril, et celle des grands et puissants États, incertaine et menacée. Cette union est l'intérêt de tous, et seuls pourraient l'empêcher la sottise humaine et son stupide égoïsme, mais la nécessité de la nature et la volonté divine seront les plus fortes.
"Cependant une façade n'est pas suffisante, il faut qu'il se forme une mentalité et une perspective universelles, que des conventions et des institutions internationales apparaissent, peut-être sous forme de nationalités doubles ou multiples, d'échanges ou de fusions de cultures, librement décidés, et qui ne seront plus incompatibles avec le nationalisme qui aura alors rempli son rôle et perdu son agressivité. Un nouvel esprit d'union saisira l'humanité."
Un autre rêve de Sri Aurobindo, le don spirituel de l'Inde au monde, est en train de se réaliser : la spiritualité indienne conquiert l'Europe et l'Amérique, et son influence augmente sans cesse ; ce mouvement s'amplifie au milieu des malheurs du temps présent; des yeux remplis d'espoir se tournent chaque jour plus nombreux vers l'Inde, non seulement pour lui demander son enseignement, mais aussi ses techniques psychiques et sa spiritualité.

Avec la disparition de Sri Aurobindo, l'Inde a perdu l'un de ses penseurs les plus hardis et les plus intrépides, un sage qui a sondé le mystère de l'existence ; bien que nous ne puissions plus voir son corps physique, le message inestimable qu'il a laissé aux honunes et l'atmosphère de spiritualité qu'il créait autour de lui, continueront à inspirer les générations futures, non seulement dans son pays natal, mais bien au-delà de ses frontières, car il a maintenant pris place dans la phalange des grands saints et des prophètes de l'Inde, terre d'antique sagesse.


Ce texte, réuni avec les autres allocutions en brochure, a été publié en 1969
par Sri Aurobindo Ashram - Pondichéry - Inde


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