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SÉANCE COMMÉMORATIVE
DE
SRI AUROBINDO

A la Sorbonne (Paris)
Le 5 Décembre 1955
La séance est ouverte sous la présidence de M. le Professeur J. FILLIOZAT

1 - Allocution de M. le Professeur Jean Filliozat:

Mesdames, Messieurs,

Celui dont nous célébrons la mémoire aujourd'hui n'est plus depuis le 5 décembre 1950, mais, pour ses fidèles, pour d'autres aussi qui se sont joints à eux, sa mort corporelle n'a pas été une cessation de son être.
Comme son tombeau matériel toujours couvert de fleurs, sa présence spirituelle toujours vivante au coeur des disciples demeure dans l'Ashram, dans la maison de communauté qu'il a fondée à Pondichéry, et sur laquelle veille toujours celle à qui il l'avait confiée, La Mère, entourée de vénération.
C'est une chose peu rare, aux Indes, qu'un Ashram. L'Ashram était primitivement la retraite du shraman, des hommes renonçant volontairement au monde et à ses passions pour se consacrer à l'effort de se construire, en échappant à ce monde, une autonomie spirituelle.
Ainsi l'Ashram était une retraite, un asile de paix, de méditation et souvent d'ascèse, qui ne se fermait point toutefois définitivement à la société extérieure.
Les vieilles et classiques Lois de Manou, décrivant les devoirs de celui qui est de la sorte retiré du monde, s'expriment ainsi :

"Sur ce qui est destiné à sa nourriture, qu'il donne offrande et aumône selon ce qu'il peut; qu'il fasse aumône d'eau, de racines, de fruits à ceux qui viennent à son Ashram. Qu'il soit constamment occupé à l'étude; maître de lui, bienveillant, posé, donateur mais jamais recevant, compatissant pour tous les êtres."

Bien des sages, bien des hommes religieux ont, au cours du temps fondé de tels ermitages, hospitaliers à l'occasion, mais placés en marge de la vie sociale. Celui de Sri Aurobindo garde leur noblesse, mais ne renonce pas à la vie.
Beaucoup des philosophies de l'Inde ont condamné celle-ci. Elles ont dénoncé l'inconsistance du monde où elle se déroule et elles y ont vu un rêve, une hallucination qui trouble et abaisse l'être foncièrement infini, lequel, dans son cauchemar, ignore sa béatitude éternelle.
Elles ont donc rejeté l'existence mondaine et conçu le but suprême de l'homme comme une évasion. Dans leur élan, elles ont prié, comme devait le faire, s'adressant à la Mort, Leconte de Lisle qui s'était tourné vers elle

"Affranchis-nous du temps, du nombre et de l'espace.
Et rends-nous le repos que la vie a troublé."

Toutes, cependant, n'ont pas été aussi loin. Les plus anciennes ont fait obligation à l'homme d'abord de vivre, de payer sa dette au groupe des Hommes, puis, seulement, pour finir, de se séparer et de s'affranchir.
La Bhagavad-guîtâ, de son côté, a prescrit à l'homme de rester dans la vie, d'y accomplir la tâche de la situation où la nature l'a placé, pourvu qu'il le fasse en maîtrisant l'appétit du but strictement humain.
Par-delà les philosophies radicales, contemptrices de la nature humaine, Sri Aurobindo a voulu rétablir pour l'Inde et exalter pour le monde entier l'espoir dans la vie. Il ne s'agit plus de s'échapper de l'humain vers le divin, mais de rejoindre le divin et de l'infuser dans la vie. Sa grande idée que l'évolution des êtres ne s'arrête pas avec l'homme actuel, que l'homme d'aujourd'hui n'est pas le meilleur des êtres possibles, n'est pas plus le meilleur des êtres possibles que ne l'ont été successivement les autres êtres qui ont dominé les périodes géologiques passées, repose sur une conception occidentale, laquelle n'est ni universellement admise en Occident, ni, bien entendu, orthodoxe dans la stricte tradition indienne. Mais une conception d'une pareille portée, mise en oeuvre dans une institution cohérente, active et grandissante, vers laquelle se tournent les yeux de l'Inde, et de beaucoup de ceux qui, de par le monde, ont foi dans la sublimation de la vie, n'en est pas moins une des forces de pensée de notre temps.
Aujourd'hui, un Institut français est né dans l'Inde, non seulement pour y faire mieux connaître la culture de la France, mais encore pour y développer sur place des études indianistes françaises, pour étudier toujours plus directement la culture de l'Inde, masse globale immense, faite d'ancien et de nouveau qui s'engendrent ou se retrouvent, et toujours se mêlent et s'allient. C'est à Pondichéry que cet Institut est né, à Pondichéry, depuis 2.000 ans terre de contact entre l'Inde et l'Europe, à Pondichéry où précisément fleurit l'Ashram de Sri Aurobindo.
Le temps est donc venu de prendre conscience de la pensée du fondateur et de l'action de l'oeuvre.
Plusieurs orateurs éminents ont bien voulu venir ici, ce soir, évoquer pour nous la vie, puis analyser les doctrines de Sri Aurobindo, et enfin, nous apporter le témoignage de leurs contacts avec l'Ashram.
Je suis heureux de les remercier d'avance au nom de tous.
Mais encore, avant de leur donner la parole, je prierai M. Jacques Lhomme, disciple du Swâmi Siddhéswarânanda de nous lire le message que son maître, retenu par la maladie loin de nous, a tenu cependant à nous faire parvenir.


Ce texte, réuni avec les autres allocutions en brochure, a été publié en 1969
par Sri Aurobindo Ashram - Pondichéry - Inde


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