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La Mère

Entretiens 1953

8 avril 1953


"L'une des formes les plus communes de l'ambition est l'idée du service de l'humanité. Tout attachement à cette idée ou à cette oeuvre est un signe d'ambition personnelle."
(Entretiens 1929, 14 avril)

Pourquoi dis-tu que c'est de l'ambition ?

Pourquoi voulez-vous servir l'humanité, quelle est votre idée ? C'est de l'ambition, c'est pour devenir un grand homme parmi les hommes.
C'est difficile à comprendre ? ... Je vois bien !

Le Divin est partout. Donc si l'on sert l'humanité, on sert le Divin ?

C'est merveilleux ! La chose la plus claire dans cette affaire, c'est de dire : "Le Divin est en moi-même. Si je me sers moi-même, je sers aussi le Divin !" (rires) En effet, le Divin est partout. Le Divin fera sa propre affaire très bien sans vous.
Je vois bien que vous ne comprenez pas. Mais vraiment si vous compreniez que le Divin est là, en toute chose, de quoi vous mêlez-vous de servir l'humanité ? Pour servir l'humanité il faut que vous sachiez mieux que le Divin ce qu'il faut faire pour elle. Savez-vous mieux que le Divin comment servir ?
Le Divin est partout. Oui. Les choses n'ont pas l'air d'être divines ... Pour moi, je ne vois qu'une solution : si vous voulez aider l'humanité, il n'y a qu'une chose à faire, c'est de vous prendre aussi totalement que possible et de vous offrir au Divin. Voilà la solution. Parce que comme cela, au moins, la réalité matérielle que vous représentez pourra ressembler un peu plus au Divin.
On dit que le Divin est en toute chose. Pourquoi les choses ne changent-elles pas ? Parce que le Divin n'obtient pas de réponse, toute chose ne répond pas au Divin. Il faut chercher au fond de la conscience pour Le voir. Qu'est-ce que vous voulez faire pour servir l'humanité ? Donner à manger aux pauvres ? Vous pouvez en nourrir des millions. Ce ne sera pas une solution, le problème restera le même. Donner des conditions nouvelles et meilleures à l'humanité ? Le Divin est en elle, comment se fait-il que cela ne change pas ? Le Divin doit savoir mieux que vous les conditions de l'humanité. Qu'est-ce que vous êtes ? Vous ne représentez qu'une petite quantité de conscience et une petite quantité de matière, c'est cela que vous appelez "moi". Si vous voulez aider l'humanité, le monde ou l'univers, la seule chose à faire est que cette petite quantité-là soit entièrement donnée au Divin. Pourquoi le monde n'est-il pas divin ? ... Il est clair que le monde n'est pas en ordre. Alors la seule solution au problème est de donner ce qui vous appartient. Donnez-le totalement, entièrement au Divin - pas seulement pour vous-mêmes, mais pour l'humanité, pour l'univers. Il n'y a pas de meilleure solution. Comment voulez-vous aider l'humanité ? Vous ne savez même pas ce qu'il lui faut ! Peut-être savez-vous encore beaucoup moins quelle puissance vous servez. Comment pouvez-vous changer quelque chose sans justement avoir changé vous-même ?
En tout cas, vous n'êtes pas assez puissants pour le faire. Comment voulez-vous aider un autre si vous n'avez pas une conscience plus haute que lui ? C'est une idée tellement enfantine ! Ce sont les enfants qui disent : j'ouvre un dortoir, je vais construire une crèche, offrir de la soupe aux pauvres, prêcher une connaissance, répandre une religion ... C'est seulement parce que vous considérez que vous êtes meilleurs que les autres, que vous savez mieux qu'eux ce qu'ils doivent être ou faire. Voilà ce que c'est, servir l'humanité. Vous voulez continuer tout cela ? Cela n'a pas changé grand-chose. Ce n'est pas pour aider l'humanité qu'on ouvre un hôpital ou une école.

Tout de même, cela a aidé ? Si l'on supprimait toutes les écoles ...

Je ne crois pas que l'humanité soit plus heureuse qu'elle n'ait été avant, ni qu'il y ait une grande amélioration. Cela vous donne surtout le sentiment de "je suis quelque chose". C'est cela que j'appelle ambition.
Si l'on dit à ces mêmes personnes qui sont prêtes à donner de l'argent pour des écoles, qu'il y a une Oeuvre divine à accomplir, que le Divin a décidé de faire comme cela, même si elles sont convaincues que c'est bien l'Oeuvre du Divin, elles se refusent à donner, parce que ce n'est pas une forme reconnue de bienfaisance - on n'a pas la satisfaction d'avoir fait quelque chose de bien ! C'est cela que j'appelle ambition. J'ai eu l'exemple de gens capables de donner des lakh de roupies pour ouvrir un hôpital, parce que cela leur donne la satisfaction de faire quelque chose de grand, de noble, de généreux. On se glorifie soi-même, c'est cela que j'appelle ambition.
J'ai connu un humoriste qui disait : "Ce n'est pas de si tôt que le règne du Divin viendra, parce que les pauvres philanthropes, qu'est-ce qu'il leur resterait ? Si l'humanité ne souffrait plus, les philanthropes seraient sans travail." C'est difficile de sortir de là. Pourtant, c'est un fait que jamais le monde ne sortira de l'état dans lequel il se trouve à moins qu'il ne se donne au Divin. Toutes les vertus, vous pouvez les glorifier, elles augmentent votre satisfaction, c'est-à-dire votre ego; elles ne vous aident pas à prendre vraiment conscience du Divin. Ce sont les gens généreux et sages de ce monde qui sont les plus difficiles à convertir. Ils sont très satisfaits de leur vie. Un pauvre homme qui a fait toutes sortes de bêtises toute sa vie regrette immédiatement et dit : "Je ne suis rien, je ne peux rien. Fais de moi ce que Tu voudras." Celui-là est plus juste et beaucoup plus proche du Divin que celui qui est sage et plein de sa sagesse et de vanité. Il se voit tel qu'il est.
L'homme généreux et sage qui a fait beaucoup pour l'humanité est trop satisfait pour avoir la moindre idée de changer. Ce sont généralement ces gens-là qui disent : "Si, moi-même, j'avais créé le monde, je ne l'aurais pas fait ainsi, je l'aurais créé beaucoup mieux que cela", et ils essayent de réparer ce que le Divin a mal fait. D'après leur image, tout cela est stupide et inutile ... Ce n'est pas avec cette attitude-là que vous pourrez appartenir au Divin. Il y aura toujours entre vous et Lui l'ego conscient de sa supériorité intellectuelle qui juge le Divin et qui est sûr de ne pas se tromper. Parce qu'ils sont convaincus que s'ils avaient fait le monde, ils n'auraient pas fait toutes les bêtises que Dieu a faites ! Et tout cela vient de l'orgueil, de la vanité, de la suffisance; et il y a justement ce grain-là dans les gens qui veulent servir l'humanité.
Qu'est-ce qu'ils vont donner à l'humanité ? Rien du tout ! Même s'ils donnaient toutes les gouttes de leur sang, toutes les idées de leur tête, tout l'argent de leur poche, cela ne pourrait pas changer l'individu, qui est une seconde dans l'éternité. Ils s'imaginent qu'ils peuvent servir l'éternité ? Il y a même des êtres plus hauts que l'humanité qui sont venus, qui ont apporté la lumière, donné leur vie, et cela n'a pas changé grand-chose. Alors comment un petit homme, un être microscopique, peut-il vraiment aider ? C'est de l'orgueil. On donne l'argument : "Si chacun faisait de son mieux, tout irait bien." Je ne crois pas, et puis c'est impossible. D'une certaine façon, chaque chose dans l'univers fait de son mieux. Mais ce mieux-là ne vaut rien du tout. A moins que tout ne change, rien ne changera. Il faut que ce soit ce mieux qui change. Il faut qu'à la place de l'ignorance naissent la connaissance, et la capacité et la conscience, autrement on tournera toujours en rond autour de la même stupidité.
Vous pouvez ouvrir des millions d'hôpitaux, cela n'empêchera pas les gens d'être malades. Au contraire, ils auront toute facilité et tout encouragement pour tomber malade. On est pétri d'idées de ce genre. Cela met votre conscience à l'aise : "Je suis venu au monde, je dois aider les autres." On se dit : "Comme je suis désintéressé ! Je vais aider l'humanité." Tout cela n'est rien que de l'égoïsme.
En fait, la première humanité qui vous concerne, c'est vous-mêmes. Vous voulez atténuer la souffrance, mais à moins que vous ne puissiez changer la capacité de souffrir en une certitude d'être heureux, le monde ne changera pas. Ce sera toujours pareil, on tourne en rond - une civilisation suit l'autre, une catastrophe suit l'autre. Mais la chose ne change pas, parce qu'il y a quelque chose qui manque, quelque chose qui n'est pas là : c'est la conscience. C'est tout.
Enfin c'est mon opinion. Je vous la donne pour ce qu'elle vaut. Si vous voulez construire des hôpitaux, des écoles, vous pouvez le faire; si cela vous rend heureux, tant mieux pour vous. Cela n'a pas beaucoup d'importance. Quand j'ai vu le film Monsieur Vincent, j'ai été très intéressée. Il s'est aperçu que quand il nourrissait dix pauvres, mille arrivaient. C'est ce que lui disait Colbert : "Il semble que vous les faites naître, vos pauvres, en les nourrissant !" Et ce n'est pas tout à fait faux. Enfin, si c'est votre destinée de fonder des écoles et de donner de l'instruction, de soigner les malades, d'ouvrir des hôpitaux, c'est bien, faites-le. Mais il ne faut pas prendre cela au sérieux. C'est quelque chose de grandiose que vous faites pour votre plaisir. Dites : "Je le fais parce que cela me fait plaisir." Mais ne parlez pas de yoga. Ce n'est pas le yoga que vous faites. Vous croyez que vous êtes en train de faire une grande chose, c'est tout, et c'est votre satisfaction personnelle.

On raconte que le rishi Vishwâmitra avait aussi créé un monde nouveau ?

Qu'est-ce qu'il a fait, dites-le moi ? ... Il n'était pas content de ce monde-ci et il en faisait un autre ? Où est-il ce monde ?
Naturellement la première idée, c'est d'être supérieur à celui qui a créé le monde. Parce qu'on pense qu'il était mal fait. C'est possible, vous pouvez dire qu'il était mal fait. Si vous vous imaginez que vous pouvez faire mieux que le Divin, je ne dis pas que vous aurez tort. Je dis que vous ne pouvez pas dire que vous n'êtes pas ambitieux. Je ne dis pas qu'ils ont eu tort; je dis qu'ils sont ambitieux. Ce n'est pas autre chose que cela. La preuve, c'est que ce sont les gens qui font du bien, ce sont les gens généreux, bons, désintéressés qui sont les plus difficiles à convertir; leur ego est formidable. Leur idée de justice, de générosité etc., est tellement grosse qu'il n'y a pas de place pour autre chose, pour le Divin.
Avant de pouvoir bien faire, il faut aller tout au fond de soi, et faire une très importante découverte. C'est que l'on n'existe pas. Il y a une chose qui existe : c'est le Divin, et tant que vous n'avez pas fait cette découverte-là, vous ne pouvez pas avancer sur le chemin. Mais c'est une carapace tellement dure ! ... Si vous avez l'esprit philosophique, vous vous demanderez : "Qu'est-ce que j'appelle "moi" ? Est-ce que c'est mon corps ? - Il change tout le temps, ce n'est plus la même chose. Est-ce que ce sont mes sentiments ? - J'ai changé tant de fois de sentiments. Est-ce que ce sont mes pensées ? - Elles se construisent et se détruisent sans cesse. Ce n'est pas moi. Où est le moi ? Qu'est-ce qui me donne le sens de ma continuité ?" Si vous continuez avec sincérité, vous remontez quelques années en arrière. Cela devient de plus en plus embarrassant. Vous continuez à regarder, vous vous dites : "C'est ma mémoire." Mais même si l'on perdait sa mémoire, on serait soi.
Si l'on continue avec sincérité cet approfondissement, alors vient un moment où tout disparaît et une chose seule existe : c'est le Divin, la Présence divine. Tout disparaît, se dissout, tout fond comme du beurre au soleil ... Quand on a fait cette découverte, on s'aperçoit qu'on n'était rien qu'un ensemble d'habitudes. C'est toujours ce qui ne connaît pas le Divin et n'est pas conscient du Divin qui parle. En chacun, ce sont des centaines et des centaines de "moi" qui parlent et de centaines de façons toutes différentes. Des "moi" inconscients, changeants, fluides. Le moi qui parle aujourd'hui n'est pas le même qu'hier; et si vous regardez loin, le moi a disparu. Il n'y en a qu'un qui reste. C'est le Divin. C'est le seul qu'on puisse toujours voir le même. Et à moins que vous ne soyez allés jusque-là ...

Si tout vient de Lui, pourquoi y a-t-il tant d'erreurs ?

Il ne faut pas croire que tout ce qui vous arrive dans la vie vous vient naturellement du Divin, c'est-à-dire que c'est la Conscience-de-Vérité qui dirige votre vie. Parce que si tout venait de Lui, il vous serait impossible de vous tromper.
Comment se fait-il que l'erreur soit partout ? Pourquoi les choses vont-elles à l'encontre du Divin et de ce qu'elles devraient être ? ... Parce qu'il y a une quantité d'éléments qui s'entrecroisent, qui interviennent. Les volontés s'entrecroisent, celui qui est le plus fort a le dessus. C'est cette complexité de normes qui a créé un déterminisme. La Volonté divine est tout à fait voilée par cet ensemble de choses. Alors j'ai dit ici (Mère prend son livre) : "Vous devez accepter toutes les choses - et celles-là seules - qui viennent du Divin. Car certaines peuvent provenir de désirs cachés. Les désirs sont à l'oeuvre dans le subconscient et ils attirent vers vous des choses dont il se peut que vous ne reconnaissiez pas l'origine, mais qui vous viennent non du Divin, mais de désirs déguisés."
Si vous avez un fort désir de quelque chose que vous ne pouvez pas avoir, vous projetez votre désir hors de vous. Il s'en va comme une petite personnalité séparée de vous et il se promène dans le monde. Il fera un petit cercle, plus ou moins grand, et reviendra à vous, peut-être quand vous l'aurez oublié. Les gens qui ont une sorte de passion, qui désirent quelque chose, cela sort d'eux comme un petit être, comme une petite flamme au milieu. Ce petit être a son destin. Il se promène dans le monde, ballotté par d'autres choses peut-être. Vous l'avez oublié, mais il n'oubliera jamais qu'il doit produire tel résultat ... Pendant des jours, vous vous dites : "Comme je voudrais aller à tel endroit, au Japon, par exemple, et voir tant de choses", et votre désir est parti de vous; mais parce que les désirs sont des choses très fugitives, vous avez complètement oublié ce désir que vous aviez lancé avec une telle force. Il y a beaucoup de raisons pour que vous pensiez à autre chose. Et au bout de dix ans, ou plus, ou moins, il vous revient comme un plat servi tout chaud. Oui, comme un plat tout chaud, bien arrangé. Vous dites : "Cela ne m'intéresse plus." Cela ne vous intéresse plus dix ans ou vingt ans après. C'était une petite formation, et elle a été faire son travail comme elle a pu ... Il est impossible d'avoir des désirs sans qu'ils se produisent, même si c'est un tout petit désir. La formation a fait ce qu'elle a pu; elle a eu beaucoup de peine, elle a bien travaillé, et après des années elle revient. C'est comme un serviteur que vous avez envoyé et qui a fait de son mieux. Quand il revient, vous lui dites : "Qu'est-ce que tu as fait ?" - "Pourquoi ? Mais Monsieur, parce que vous l'avez désiré !"
Vous ne pouvez pas émettre une pensée forte sans qu'elle sorte de vous, comme un petit ballon pourrait-on dire. On raconte certaines histoires qui ne sont pas invraisemblables, comme celle de cet avare qui ne pensait qu'à son argent; il avait caché son magot quelque part et toujours il allait le voir. Après sa mort, il a continué de venir comme un fantôme (c'est-à-dire son être vital), il veillait sur son argent. Personne ne pouvait s'en approcher sans qu'il lui arrive une catastrophe. C'est comme cela si vous avez travaillé pour qu'une chose se produise, elle se réalise toujours. Elle peut se réaliser même après votre corps ! Oui, parce que quand votre corps a cessé d'être, aucune des vibrations ne cesse d'être. Elles se réalisent quelque part. C'est ce que le Bouddha disait : les vibrations continuent d'exister, de se perpétuer. Elles sont contagieuses. Elles continuent chez d'autres, elles passent en d'autres, et chacun y ajoute un peu.

Est-ce qu'avec une vibration de bonne volonté, on peut aider le monde ?

Avec des bonnes volontés on peut changer beaucoup de choses, seulement il faut que ce soit une bonne volonté excessivement pure et sans aucun mélange. Il est de toute évidence qu'une pensée, une prière parfaitement pure et vraie, si elle est projetée dans le monde, fait son oeuvre. Mais où est cette pensée parfaitement pure et vraie quand elle passe dans le cerveau humain ? Il y a des dégradations. Si vous pouvez en vous-mêmes, par un effort de conscience et de connaissance intérieures, surmonter, c'est-à-dire dissoudre et abolir un désir vraiment, et que vous soyez capables, par la bonne volonté intérieure, par la conscience, par la lumière, la connaissance, de dissoudre le désir, vous serez d'abord pour vous personnellement cent fois plus heureux que si vous aviez satisfait ce désir, et puis cela aura un effet merveilleux. Cela aura une répercussion dans le monde dont vous n'avez pas idée. Cela se répandra. Parce que les vibrations que vous avez créées continueront de se répandre. Ce sont des choses qui s'amplifient comme la boule de neige. La victoire que vous remportez dans votre caractère, si petite soit-elle, est une victoire qui pourra être remportée dans le monde entier. Et c'est cela que je voulais dire tout à l'heure : toutes les choses qui se font extérieurement sans changer la nature intérieure - hôpitaux, écoles, etc. - sont faites par vanité, pour le sentiment d'être grand, tandis que ces petites choses obscures surmontées en soi remportent une victoire infiniment plus grande, bien que les effets soient cachés. Tout mouvement en vous qui est faux et contraire à la vérité est une négation de la vie divine. Vos petits efforts ont des effets considérables, que vous n'avez même pas la satisfaction de connaître mais qui sont vrais et qui justement ont un effet impersonnel et général.
Si vous voulez vraiment faire quelque chose de bien, ce que vous avez de mieux à faire, c'est de remporter vos petites victoires en toute sincérité, l'une après l'autre, et ainsi vous ferez pour le monde le maximum de ce que vous pouvez faire,

Est-ce que notre victoire agira pour tout le monde ?

Elle ne changera pas tout le monde. Parce que votre victoire est trop petite pour tout le monde. Il en faut des millions. C'est une toute petite victoire si on la compare au tout. Mais elle se mélange à d'autres choses ... On pourrait dire que c'est comme si l'on apportait dans le monde la capacité de faire une chose. Mais pour que cela agisse d'une façon effective, il faut quelquefois des siècles; c'est une question de proportions. Vous pouvez faire l'expérience (et c'est beaucoup plus difficile) même avec les gens qui vous entourent. Il faut être tout à fait sincère, ne pas le faire avec l'idée d'obtenir un résultat quelconque, mais parce que vous voulez remporter une victoire. Si vous remportez cette victoire, elle aura nécessairement un effet sur ceux qui vous entourent. Mais s'il s'y mêle un élément commercial, si vous faites telle chose parce que vous voulez obtenir telle autre : "Je veux surmonter mes défauts, mais il faut que celui-là aussi surmonte les siens", alors cela ne marche pas. C'est une attitude de commerçant : "Je donne ça, mais je prendrai ça." Cela abîme tout. Il n'y a ni pureté ni sincérité. C'est un marchandage.
Il faut que rien ne puisse se mêler à votre sincérité, à votre aspiration, à votre motif. Vous faites les choses pour l'amour du Divin, pour la vérité, pour la perfection, sans autre motif et sans autre idée. Et cela produit des effets.


La Mère

"Entretiens 1953" (pages 14-25)

publié par Sri Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusé par SABDA

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