Tu as écrit : "N'essayez pas d'attirer par violence les
forces du Divin."(Entretiens 1929, 14
avril 1929)
Est-ce que l'on peut attirer les forces divines par la violence
?
Oui, si vous appelez avec beaucoup de force, si vous aspirez avec beaucoup
de force, vous pouvez attirer une grande quantité de forces en
vous, mais vous ne serez pas capables de les digérer, de les assimiler.
C'est la même chose que pour la nourriture : quand on avale tout
ce qui est là en une gorgée, cela cause une indigestion,
cela vous étouffe. On ne peut pas le supporter. Alors si quelqu'un
veut aller vite, s'il se dépêche, il fait une espèce
d'appel et tire à lui des forces trop considérables, des
forces qui autrement seraient venues moins vite.
Il suffit d'une petite ambition cachée ... Il y a des gens qui
ne font pas le yoga pour le yoga, mais pour obtenir un résultat,
pour avoir des pouvoirs, pour savoir telle ou telle chose.
Mais alors cela veut dire qu'ils ne sont pas sincères ?Alors
comment se fait-il que le Divin réponde ?
Tu crois que le Divin a un petit jugement humain ! Il ne faut pas mettre
des idées humaines sur le Divin.
Si vous n'êtes pas sincères, ce qui arrive, c'est que votre
propre conscience se voile. Prenez, par exemple, quelqu'un qui ment; sa
conscience se voile, et au bout de très peu de temps il ne peut
plus distinguer le mensonge de la vérité. Il voit des images
et les appelle la vérité. Quelqu'un qui est méchant
perd son aspiration, il perd sa capacité de réalisation,
il perd toute possibilité de comprendre, de sentir et de réaliser.
C'est cela, la punition.
On construit des voiles, des obstacles entre soi et le Divin. C'est comme
cela que l'on se punit soi-même. Le Divin ne se retire pas : on
se rend incapable de le recevoir. Le Divin ne distribue pas comme cela
des récompenses et des punitions, ce n'est pas du tout comme cela.
Quand on est insincère, quand on a de la mauvaise volonté,
quand on est un traître, on se punit soi-même instantanément.
Les gens insincères perdent même le petit peu de conscience
qui leur ferait savoir qu'ils sont méchants; ils deviennent comme
inconscients. Ils finissent par ne plus savoir du tout.
Qu'est-ce que tu appelles la "base d'égalité dans
l'être extérieur" ? (Ibid.)
C'est une bonne santé, un corps solide, bien équilibré,
quand on n'a pas des nerfs de petite fille qui sont secoués à
la moindre chose, quand on dort bien, mange bien... Quand on est bien
tranquille, bien. équilibré, bien calme, on a une base solide
et on peut recevoir une quantité de forces.
Si quelqu'un d'entre vous a reçu des forces spirituelles, des forces
du Divin, l'Ânanda par exemple, il sait par expérience
qu'à moins qu'il ne soit en bonne santé, il ne peut pas
les contenir, les garder. Il commence à pleurer, à crier,
à s'agiter pour dépenser ce qu'il a reçu. Il faut
qu'il rie, qu'il parle, qu'il gesticule, autrement il ne peut pas les
garder, il se sent étouffé. Alors en riant, en pleurant,
en s'agitant, il rejette dehors ce qu'il a reçu.
Pour être bien équilibré, pour pouvoir absorber ce
que l'on reçoit, il faut être très tranquille, très
calme. Il faut avoir une base solide, une bonne santé. Il faut
avoir une base très solide. C'est très important.
Quelle est la différence entre l'égalité extérieure
et 1'égalité d'âme ?
L'égalité d'âme est une chose psychologique. C'est
le pouvoir de supporter tous les événements, bons ou mauvais,
sans être triste, découragé, désespéré,
bouleversé. Quoi qu'il vous arrive, vous restez sereins, paisibles.
L'autre, c'est l'égalité dans le corps. Ce n'est pas psychologique,
c'est une chose matérielle : avoir un équilibre physique,
recevoir des forces sans être troublé.
Les deux sont également nécessaires si l'on veut progresser
sur le chemin. Et d'autres choses encore. Par exemple, un équilibre
mental; que toutes les idées, même les plus contradictoires,
puissent venir de tous les côtés sans que vous soyez troublés.
On peut les voir et les mettre chacune à sa place. C'est l'équilibre
mental.
La Mère
"Entretiens 1953" (pages 26-28)
publié par Sri
Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusé par SABDA
Entretien précédent: 8 avril 1953
Entretien suivant: 22 avril 1953
|