HomeWhat's New?Photo-montagesText PageArya PageDisciples PageLinks

 

Mere JPG 4 Kb

Retour à l'index 1953


La Mère

Entretiens 1953

18 mars 1953


"Nous sommes conscients seulement d'une partie insignifiante de notre être."
(Entretiens 1929, 7 avril)

Quelles sont les parties insignifiantes de notre être?

Presque toutes.
Il y a très peu de choses qui ne soient pas insignifiantes : toutes vos réactions ordinaires, toutes vos pensées ordinaires, vos sensations, vos actions, vos mouvements, tout cela est très insignifiant. Ce n'est que de temps en temps, quand il y a un éclair de conscience plus haute avec le psychique, une ouverture sur quelque chose d'autre, un contact avec l'être psychique (qui peut durer une seconde), à ce moment-là, ce n'est pas insignifiant. Autrement, tout le reste se répète à des millions et des millions d'exemplaires. Votre façon de voir, d'agir, toutes vos réactions, toutes vos pensées, tous vos sentiments, tout cela est ordinaire. Et vous croyez être extraordinaires surtout quand vous êtes pris par des sensations, des sentiments extraordinaires, que vous considérez comme extraordinaires, vous croyez que vous êtes plus élevés, c'est l'approche du surhumain - vous vous êtes tout à fait trompés. Ce n'est qu'un état ordinaire, si ordinaire que c'en est lamentable. Il faut rentrer plus profond, essayer de voir en soi-même pour trouver quelque chose qui ne soit pas insignifiant.

Tu as dit que dans une vie antérieure nous étions ensemble, mais si nous n'avions pas fait le yoga, est-ce que nous n'aurions pas pu nous rencontrer tout de même ?

Pas nécessairement.
Je me souviens des circonstances dans lesquelles j'ai dit cela; c'était à une dame qui était venue ici et qui m'avait demandé comment il se faisait qu'elle était venue ici ... C'est vrai d'une façon générale; quand des gens qui sont nés dispersés dans le monde, à de très grandes distances, sont poussés par les circonstances ou par une impulsion à venir se rassembler ici, c'est presque toujours parce qu'ils se sont rencontrés dans une vie ou une autre (pas tous la même) et que leur être psychique s'est senti appartenir à une même famille, alors ils ont fait le voeu intérieur de continuer à agir ensemble et à collaborer. C'est cela qui fait que même s'ils sont nés très loin, il y a quelque chose qui les force à venir se rassembler; c'est l'être psychique, la conscience psychique qui est derrière. Et c'est seulement dans la mesure où la conscience psychique est assez forte pour ordonner, organiser les circonstances ou la vie, c'est-à-dire pour ne pas se laisser contredire par les forces extérieures, les mouvements extérieurs de la vie, que l'on peut se rencontrer.
C'est vrai profondément dans la réalité; il y a de grandes "familles d'êtres" qui travaillent à la même oeuvre et qui se sont rencontrés plus ou moins nombreux et qui viennent par espèces de groupes. C'est comme si, à certains moments, il y avait des éveils dans le monde psychique; comme si l'on éveillait un tas de petits enfants qui dormaient : "Il est temps, vite, vite, descendez!" et ils se précipitent. Et quelquefois, ils ne tombent pas au même endroit, ils sont dispersés; alors intérieurement il y a quelque chose qui les gêne, qui les pousse; par une raison ou une autre ils sont tirés, et cela les rassemble.
Mais c'est une chose profonde dans l'être, quelque chose qui n'est pas du tout à la surface; autrement, même si l'on se rencontrait, on ne s'apercevrait peut-être même pas du lien. On se rencontre et on se reconnaît seulement dans la mesure où l'on devient conscient de son être psychique, que l'on obéit à son être psychique, que l'on est poussé par lui; sinon, il y a tout ce qui vient le contredire, tout ce qui voile, tout ce qui abrutit, autant d'obstacles pour vous empêcher de vous retrouver profondément et de pouvoir vraiment collaborer à l'Oeuvre. On est ballotté par les forces de la Nature.
Il n'y a qu'une solution, c'est de trouver son être psychique, et une fois trouvé, de s'accrocher à lui désespérément, de le laisser vous conduire pas à pas, quel que soit l'obstacle. C'est la seule solution.
Tout cela, je ne l'ai pas écrit, mais je l'ai expliqué à cette dame; elle m'avait posé la question : "Comment suis-je arrivée ici ?" je lui ai dit que ce n'était certainement pas pour les raisons de la conscience extérieure, c'était quelque chose dans son être intérieur qui l'avait poussée. Seulement, l'éveil n'a pas été assez fort pour surmonter tout le reste et elle est retournée à la vie ordinaire avec des raisons très ordinaires de vivre.
Extérieurement, c'était une drôle de chose qui l'avait fait venir ici : c'était une jeune femme comme les autres, elle avait été fiancée et elle ne s'était pas mariée; son fiancé avait rompu. Elle était très triste, elle avait beaucoup pleuré et cela lui avait abîmé sa jolie figure, creusé des rides. Et quand le gros chagrin était parti, elle n'était plus si jolie. Alors elle était très ennuyée; elle a consulté des gens qui font métier de vous rendre jolis. Ils lui ont conseillé des injections de paraffine dans la figure : "Après cela, on n'a plus de rides !" On lui a injecté de la graisse; et au lieu de l'effet voulu, elle a eu des boules de graisse ici et là. Elle était désespérée, car elle était encore plus laide. Puis elle a rencontré un charlatan qui lui a dit qu'en Angleterre il n'y avait pas moyen de lui rendre sa jolie figure : "Allez en Inde, il y a de grands yogi qui vous feront passer cela!" C'est pourquoi elle était venue ici.
C'est la première chose qu'elle m'avait dite : "Vous voyez comme j'ai une figure abîmée, est-ce que vous pouvez me rendre ma jolie figure ?" J'ai dit non ! Puis elle a fini par me poser des questions sur le yoga et elle a été touchée. Ce jour-là, elle m'a dit : "J'étais venue dans l'Inde pour faire passer mes rides; maintenant ce que vous me dites m'intéresse. Mais alors pourquoi suis-je venue ? Ce n'est pas le vrai motif qui m'a fait venir ici." Je lui ai expliqué qu'il y avait autre chose que son être extérieur et que c'est son être psychique qui l'avait conduite ici. Les motifs extérieurs sont simplement des prétextes dont se sert le psychique pour se réaliser.
Mais c'était une personne bien admirable ! D'abord, elle avait pris une attitude de bienveillance et de bonne volonté envers toutes choses et tout le monde, même le pire chenapan; elle ne voyait que le bon côté. Puis en restant ici, sa conscience s'est développée; au bout d'un certain temps, elle a commencé à voir les gens comme ils étaient. Alors un jour, elle m'a dit : "Avant, quand j'étais inconsciente, je pensais que tout le monde était gentil, les gens me paraissaient si gentils ! Pourquoi m'avez-vous rendue consciente ?" Je lui ai répondu : "Ne vous arrêtez pas en route. Allez un peu plus loin."
Quand on a commencé le yoga, il vaut mieux aller jusqu'au bout.

La Mère

"Entretiens 1953" (pages 1-5)

publié par Sri Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusé par SABDA

Entretien suivant: 25 mars 1953


Retour à l'index 1953

EmailGif 1K

[ Sign my GuestBook ] guestbook Gif [ Read my GuestBook ]
[ GuestBook by TheGuestBook.com ]


HomeWhat's New?Photo-montagesText PageArya PageDisciples PageLinks