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La Mère

Entretiens 1950-51

28 décembre 1950


Mère lit un article du Bulletin de novembre 1949, intitulé "Un jugement correct". Après avoir examiné divers éléments qui faussent le jugement, Mère ajoute ce commentaire :

Les organes des sens sont sous l'influence de l'état psychologique d'un individu, parce que quelque chose arrive entre la perception de l'oeil et la réception dans le cerveau. C'est très subtil; le cerveau reçoit les perceptions des yeux par les nerfs, il n'y a pas de raisonnement, c'est pour ainsi dire instantané, mais il y a un petit passage entre la perception de l'oeil et la cellule qui doit répondre et apprécier dans le cerveau. Et c'est cette "appréciation" du cerveau qui est sous l'influence des sentiments. C'est la petite vibration entre ce que l'oeil voit et ce que le cerveau apprécie, qui fausse souvent la réponse. Et ce n'est pas une question de bonne foi, car même les gens les plus sincères ne savent pas ce qui se passe, même les gens très calmes, sans émotions violentes, qui ne sentent même pas leurs émotions, sont ainsi influencés sans se rendre compte de l'intervention de cette petite vibration qui fausse.
Parfois, les notions morales s'en mêlent aussi et faussent le jugement, mais nous devons rejeter loin de nous toute notion morale, car la moralité et la Vérité sont très loin l'une de l'autre (si je choque quelqu'un en disant cela, je le regrette, mais c'est comme cela). C'est seulement quand on a conquis toute attraction et toute répulsion que l'on peut avoir un jugement correct. Aussi longtemps qu'il y a des choses qui vous attirent et des choses qui vous répugnent, il n'est pas possible d'avoir un fonctionnement des sens absolument sûr.
Tout le monde sait, par exemple, que quand il arrive un accident, il peut y avoir deux, trois, dix témoins, mais ils ne voient pas du tout la même chose - une seule chose se passe, mais il n'y a pas deux personnes qui la voient de la même manière. Au choc intérieur, elles perçoivent seulement une toute petite partie de ce qui se passe.
Mais il y a un moyen d'accorder les impressions l'idée et l'idée opposée : c'est de les considérer comme les deux bouts d'une ligne et, en mettant entre ces deux bouts une quantité innombrable d'idées qui se suivent, on finit par trouver qu'il y a un accord entre elles. On trouve aussi que c'est un exercice très intéressant.

(Mère poursuit sa lecture)
"Seul celui qui est au-dessus de toute sympathie et de toute antipathie, de tout désir et de toute préférence, peut considérer toute chose avec une parfaite impartialité à l'aide de sens dont la perception purement objective devient semblable à celle d'un mécanisme extrêmement délicat et perfectionné bénéficiant de la clarté d'une conscience vivante." ( "Un jugement correct")

Je dis la "perception objective". Voir objectivement, c'est voir et juger sans rien ajouter de soi, en dehors de toute réaction personnelle. Il faut arriver à voir une chose sans rien y mélanger de ses propres sentiments.
Et j'ajoute que ce "mécanisme perfectionné" ne peut rien faire sans la clarté d'une conscience vivante. Quand la conscience est une, vous pouvez savoir par identité; c'est-à-dire qu'en unissant votre conscience à l'objet ou à la personne que vous désirez connaître ou juger d'une façon impartiale, vous entrez en contact intérieur avec cet objet ou cette personne, et alors il est possible de savoir d'une façon tout à fait sûre.
Aussi, ce qui déforme et fausse, c'est le souci des conséquences. Pour avoir un jugement tout à fait vrai, il faut savoir exécuter et agir sans désir - il y a un homme sur mille qui peut le faire. Presque tous sont anxieux du résultat ou ont l'ambition d'obtenir un résultat. Il ne faut pas se soucier des résultats; simplement, faire une chose parce qu'on a vu que c'est cela qui doit être fait, se dire : "Je fais cela parce que c'est la chose à faire, et quoi qu'il arrive après, je ne m'en soucie pas."
C'est là évidemment un idéal, et jusqu'à ce qu'il soit atteint, l'action sera toujours mélangée; donc, à moins que vous ne soyez mus par une vision claire de la Vérité, il faut prendre pour règle de faire toujours ce que vous avez à faire parce que c'est cela et rien d'autre qu'il faut faire.

La Mère

"Entretiens 1950-1951" (pages 14-16)

publié par Sri Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusé par SABDA
(Une édition française aux Éditions Stock a existé en 1981)

Entretien précédent: 25 décembre 1950
Entretien suivant: 30 décembre 1950


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