
La Mère a commenté ce texte le 28
décembre 1950 |
La Mère
Un jugement correct
(Novembre 1949)
Un des grands problèmes dans les compétitions sportives
est l'équité des jugements.
Pour éviter les conflits et les disputes qui seraient autrement
inévitables, il a été décidé, une fois
pour toutes, que les concurrents se soumettraient sans discussion à
la décision des juges. Ceci peut résoudre le problème
en ce qui concerne ceux qui sont jugés, mais non pas pour ceux
qui jugent; car, s'ils sont sincères, plus on leur fait confiance,
plus ils doivent avoir le souci d'une parfaite correction dans leurs jugements.
C'est pourquoi j'élimine tout d'abord les cas où le jugement
est, pour ainsi dire, décidé d'avance pour des raisons politiques
ou autres. Car quoique cela se fasse malheureusement trop souvent, tout
le monde est d'accord pour trouver que c'est une vilenie, et que la dignité
humaine exige que cela ne se fasse pas.
En général, on pense que tout est bien quand les jugements
sont basés sur une connaissance technique approfondie et une impartialité
suffisante. Ces jugements s'appuient sur la perception des sens qui est
communément considérée comme indéniable. Or,
il est certain que ce mode de perception est lui-même peu sûr.
Les organes des sens sont directement sous l'influence de l'état
psychologique de l'individu qui les utilise, et ainsi les perceptions
sensorielles sont altérées, faussées, déformées,
dans un sens ou dans l'autre, par les sentiments qu'éprouve celui
qui perçoit à l'égard de la chose perçue.
Par exemple, ceux qui appartiennent à un groupe ou à une
association sont ou trop indulgents ou indûment sévères
pour les membres de ce groupe. Du point de vue de la vérité,
indulgence ou sévérité ne valent pas mieux l'une
que l'autre; car dans les deux cas, le jugement est basé sur un
sentiment et non sur la perception objective et désintéressée
des faits. Ceci est un cas très flagrant; mais même sans
aller jusqu'à cet extrême, aucun être humain, s'il
n'est pas un yogi, n'est libre de ces attractions et de ces répulsions
qui sont rarement perçues par la conscience active, mais qui n'en
ont pas moins une grande influence sur le fonctionnement des sens.
Seul celui qui est au-dessus de toute sympathie et de toute antipathie,
de tout désir et de toute préférence, peut considérer
toute chose avec une parfaite impartialité, à l'aide de
sens dont la perception, purement objective, devient semblable à
celle d'un mécanisme extrêmement délicat et perfectionné
bénéficiant de la clarté d'une conscience vivante.
Là encore la discipline yoguique viendra à notre secours
pour créer des caractères d'une élévation
telle qu'ils puissent devenir des instruments de vérité.
La Mère
in "Bulletin", Novembre 1949
dans le volume "Éducation", pages 229-230
publié par Sri
Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusion par SABDA
La Mère a commenté
ce texte le 28 décembre 1950
|