J'ai reçu un certain nombre de questions provenant des grands élèves
(pas des petits enfants : des grands élèves) à propos
de la mort, des conditions de la mort, pourquoi il y a tant
d'accidents en ce moment, etc. J'ai déjà répondu
à deux personnes. Naturellement, c'est répondu au niveau
mental, mais avec une tentative de passer au-delà.
C'est cette espèce de logique mentale qui veut, oui, que les choses
se déduisent les unes des autres selon cette logique, alors ils
arrivent à des questions... impossibles.
[Questions des étudiants et réponses de la Mère:
Le moment et le moyen de la mort sont-ils toujours choisis par l'âme
(dans de vastes destructions humaines par bombardement, inondation, tremblement
de terre, est-ce que toutes les âmes ont choisi de mourir ensemble
à ce moment-là) ?
L'immense majorité des êtres humains ont une destinée
collective. Pour eux, la question ne se pose pas.
Celui qui a un être psychique individualisé peut survivre
même au sein des catastrophes collectives, si tel est le choix de
son âme.
Après la mort, une fois séparée de son être
physique, de son vital, de son mental, comment l'âme est-elle consciente
d'être, d'exister ?
L'âme est une étincelle du Divin Suprême, je ne
vois pas comment le Seigneur a besoin d'un corps pour être conscient
d'être.]
Ce n'est rien de très nouveau, mais c'est un élargissement
de la conscience, et justement ces temps derniers, toutes ces questions
venaient dans l'atmosphère, et donnaient d'abord l'impression que
l'homme ne sait rien de la mort - il ne sait pas ce que c'est, il ne sait
pas ce qui se passe, il a fait toutes sortes d'hypothèses, mais
il n'y a pas de certitudes. Et en poussant, en insistant comme cela en
poussant, je suis arrivée à cette conclusion qu'il n'y a
rien qui soit vraiment la mort.
Il n'y a qu'une apparence, et une apparence qui se fonde sur une vue limitée.
Mais il n'y a pas de changement radical dans la vibration de la conscience.
Ça, c'est venu comme une réponse à une sorte d'angoisse
(il y a eu une sorte d'angoisse dans les cellules, de ne pas savoir ce
que c'était vraiment que la mort, comme ça, une sorte d'angoisse)
et la réponse a été très claire et très
persistante : c'est que seule la conscience peut savoir, parce que...
parce que l'importance donnée à la différence d'état,
est une importance seulement superficielle et basée sur l'ignorance
du phénomène en lui-même. Celui qui serait capable
de garder un moyen de communication, pourrait dire que, pour lui-même,
ça ne fait pas une différence considérable.
Mais ça, c'est quelque chose qui est en train de s'élaborer.
Il reste encore des endroits imprécis et il y a des détails
d'expérience qui manquent. Alors il me semble qu'il vaudrait mieux
attendre que la connaissance soit plus complète, parce que, au
lieu de dire une approximation avec des suppositions, il vaudrait mieux
dire le fait complet avec l'expérience totale. Donc, nous remettons
cela à plus tard.
Mais tu dis qu'il n'y a pas de différence... Est-ce que, quand
on est de l'autre côté, on continue d'avoir, ou on peut avoir,
la perception du monde physique ?
Oui, oui, c'est cela.
La perception des êtres, des...
Oui, c'est cela.
Seulement, au lieu d'avoir une perception... On sort d'une espèce
d'état illusoire et d'une perception qui est une perception d'apparences,
mais on a une perception; c'est-à-dire qu'il y a eu des moments
où j'ai eu la perception, j'ai pu voir la différence, seulement,
n'est-ce pas, l'expérience n'a pas été totale (ça
n'a pas été total dans le sens que ça a été
interrompu par des circonstances extérieures), alors il vaut mieux
attendre un peu pour en parler. Mais la perception est là.
Pas absolument identique, mais avec une efficacité quelquefois
plus grande en elle-même; mais ce n'est pas perçu véritablement
par l'autre côté. Je ne sais pas comment expliquer. J'ai
eu l'exemple - pas l'exemple vécu, la pleine perception - d'un
être qui a vécu pendant des années avec moi, qui est
resté en contact tout à fait conscient après être
sorti du corps (mais sorti du corps très matériellement),
et qui s'est, non pas fondu, mais étroitement associé à
un autre être vivant, et qui a continué la vie de sa propre
conscience dans cette association. Et tout cela, je ne peux ni donner
les noms, ni donner les faits, mais c'est aussi concret que ça
peut être. Et ça continue.
Tout cela a été vu - je l'ai vu depuis longtemps, mais c'est
revenu comme une illustration de la nouvelle connaissauce, ce matin même.
Extraordinairement concret dans ses effets : changeant les capacités
et les mouvements de la conscience de l'autre, et consciemment - une vie
absolument consciente. Et c'est la même conscience qui était
consciente dans la période où il n'y avait plus du tout
de corps et où la présence était visible seulement
dans la vision de la nuit.
Il y en a d'autres.
Celle-là est très proche et très intime, et c'est
pour cela que j'ai pu suivre tous les détails.
Mais ce n'est clair, précis et évident, qu'avec cette
nouvelle vision, parce que... comment dire... Je savais ça - je
le savais avant, je le savais -, mais je l'ai revu avec la nouvelle conscience,
la nouvelle façon de voir, et alors la compréhension a été
totale, la perception a été totale, tout à fait concrète,
avec des éléments qui manquaient complètement - des
éléments convaincants -, qui manquaient complètement
à la première perception, qui était une connaissance
vitale-mentale. Ça, c'est une connaissance de la conscience des
cellules.
Mais tout cela ne serait intéressant qu'avec tous les faits (qui
ne peuvent pas être donnés). Alors je voudrais avoir une
expérience plus complète et plus "impersonnelle",
pourrait-on dire, c'est-à-dire qui n'est pas illustrée par
des faits, qui est une vision d'ensemble du processus. Et alors là,
je pourrai parler.
Ça viendra.
The Mother
"Notes sur le Chemin"
pages 70-73
publié par Sri
Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusé par SABDA
Version de l'Agenda ici
Précédente conversation: 4 mars 1967
Conversation suivante: 24 mai 1967
|