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Sri Aurobindo

Sri 1950 Jpg 3K

The central process in Integral Yoga
Le processus central du Yoga intégral

French text translated by the Mother
Texte français: traduction de La Mère

 

I have said that the most decisive way for the Peace or the Silence to come is by a descent from above. In fact, in reality though not always in appearance, that is how they always come;--not in appearance always, because the sadhak is not always conscious of the process; he feels the peace settling in him or at least manifesting, but he has not been conscious how and whence it came. Yet it is the truth that all that belongs to the higher consciousness comes from above, not only the spiritual peace and silence, but the Light, the Power, the Knowledge, the higher seeing and thought, the Ananda come from above. It is also possible that up to a certain point they may come from within, but this is because the psychic being is open to them directly and they come first there and then reveal themselves in the rest of the being from the psychic or by its coming into the front. A disclosure from within or a descent from above, these are the two sovereign ways of the Yoga-siddhi. An effort of the external surface mind or emotions, a Tapasya of some kind may seem to build up some of these things, but the results are usually uncertain and fragmentary, compared to the result of the two radical ways. That is why in this yoga we insist always on an ``opening''--an opening inwards of the inner mind, vital, physical to the inmost part of us, the psychic, and an opening upwards to what is abovethe mind--as indispensable for the fruits of the sadhana. J'ai dit que la voie la plus décisive pour que la Paix ou le Silence puissent venir, était une descente d'en haut. En fait, et en réalité - bien que pas toujours en apparence -, c'est ainsi qu'ils viennent toujours ; pas toujours en apparence parce que le sâdhak ne se rend pas nécessairement compte de ce qui se passe ; il sent la paix s'établir en lui, ou du moins se manifester, mais il n'a pas été conscient d'où ni comment elle est venue. Pourtant ,la vérité est que tout ce qui appartient à la conscience supérieure vient d'en haut ; non seulement la paix et le silence spirituels, mais la Lumière, le Pouvoir, la Connaissance, la vision et la pensée supérieures, l'Ânanda, viennent d'en haut. Il est possible aussi, jusqu'à un certain point, qu'ils viennent de l'intérieur, mais c'est parce que l'être psychique leur est ouvert directement et qu'ils descendent là d'abord, puis se révèlent dans le reste de l'être à partir du psychique, ou parce ce dernier passe au premier plan. Une révélation du dedans ou une descente d'en haut sont les deux voies souveraines de la siddhi du yoga. Un effort du mental de surface, externe, ou de l'être émotif, une tapasyâ ou une autre, peuvent sembler édifier quelque réalisation de ce genre, mais les résultats sont généralement incertains et fragmentaires, comparés à ceux que donnent les deux voies radicales. C'est pourquoi, dans notre yoga, nous insistons toujours sur la nécessité d'une " ouverture " comme condition indispensable pour que la sâdhanâ porte ses fruits - une ouverture du mental, du vital et du physique intérieurs vers le dedans, à la partie la plus profonde en nous, le psychique, et une ouverture vers le haut, à ce qui est au-dessus du mental.
The underlying reason for this is that this little mind, vital and body which we call ourselves is only a surface movement and not our ``self'' at all. It is an external bit of personality put forward for one brief life, for the play of the Ignorance. It is equipped with an ignorant mind stumbling about in search of fragments of truth, an ignorant vital rushing about in search of fragments of pleasure, an obscure and mostly subconscious physical receiving the impacts of things and suffering rather than possessing a resultant pain or pleasure. All that is accepted until the mind gets disgusted and starts looking about for the real Truth of itself and things, the vital gets disgusted and begins wondering whether there is not such a thing as real bliss and the physical gets tired and wants liberation from itself and its pains and pleasures. Then it is possible for the little ignorant bit of personality to get back to its real Self and with it to these greater things--or else to extinction of itself, Nirvana. La raison fondamentale en est que ce petit mental, ce petit vital et ce petit corps que nous appelons nous-mêmes, ne sont qu'un mouvement de surface et pas du tout notre vrai " moi ". Tout cela n'est qu'un bout de personnalité extérieur mis en avant pendant une brève existence, pour le jeu de l'Ignorance. Cette personnalité est pourvue d'un mental ignorant qui tâtonne à la recherche de fragments de vérité, d'un vital ignorant qui se précipité çà et là à la recherche de fragments de plaisir, d'un physique obscur, surtout subconscient, qui reçoit le choc des objets et qui subit plutôt qu'il ne les possède, la douleur et le plaisir qui en résultent. Tout cela est accepté jusqu'à ce que le mental s'en dégoûte et se mette en quête de la Vérité réelle de lui-même et des choses, jusqu'à ce que le vital s'en écoeure et commence à se demander s'il n'existe pas quelque chose comme une vraie béatitude, et jusqu'à ce que le physique s'en fatigue et veuille être libéré de lui-même, de ses douleurs et ses plaisirs. Alors il devient possible à cet ignorant petit bout de personnalité de retourner à son vrai Moi, et en même temps à des réalisations plus vastes - ou bien à l'extinction de soi, au Nirvâna.
The real Self is not anywhere on the surface but deep within and above. Within is the soul supporting an inner mind, inner vital, inner physical in which there is a capacity for universal wideness and with it for the things now asked for--direct contact with the truth of self and things, taste of a universal bliss, liberation from the imprisoned smallness and sufferings of the gross physical body. Even in Europe the existence of something behind the surface is now very frequently admitted, but its nature is mistaken and it is called subconscient or subliminal, while really it is very conscious in its own way and not subliminal but only behind the veil. It is, according to our psychology, connected with the small outer personality by certain centres of consciousness of which we become aware by yoga. Only a little of the inner being escapes through these centres into the outer life, but that little is the best part of ourselves and responsible for our art, poetry, philosophy, ideals, religious aspirations, efforts at knowledge and perfection. But the inner centres are for the most part closed or asleep--to open them and make them awake and active is one aim of yoga. As they open, the powers and possibilities of the inner being also are aroused in us; we awake first to a larger consciousness and then to a cosmic consciousness; we are no longer little separate personalities with limited lives but centres of a universal action and in direct contact with cosmic forces. Moreover, instead of being unwillingly playthings of the latter, as is the surface person, we can become to a certain extent conscious and masters of the play of nature--how far this goes depending on the development of the inner being and its opening upward to the higher spiritual levels. At the same time the opening of the heart centre releases the psychic being which proceeds to make us aware of the Divine within us and of the higher Truth above us. Le vrai Moi ne se trouve nulle part à la surface, mais profondément au-dedans et en haut. Au-dedans se trouve l'âme, qui soutient le mental intérieur, le vital intérieur et le physique intérieur, et ceux-ci ont une capacité d'extension universelle qui peut apporter ce dont nous avons besoin maintenant : un contact direct avec la vérité de nous-mêmes et des choses, un goût de la béatitude universelle, une libération de notre petitesse prisonnière et des souffrances du corps physique grossier. Même en Europe, on admet très fréquemment aujourd'hui l'existence de " quelque chose " derrière la surface ; mais on se trompe sur la nature de ce quelque chose et on l'appelle " subconscient " et " subliminal ", alors qu'en réalité il est très conscient à sa façon et qu'il n'est pas subliminal mais seulement derrière le voile. Selon notre psychologie, cet être intérieur est relié à la petite personnalité extérieure par certains centres de conscience que nous pouvons percevoir par le yoga. Un peu seulement de l'être intérieur s'échappe par ces centres et passe dans la vie extérieure, mais ce peu est la meilleure partie de nous-mêmes ; c'est à lui que nous sommes redevables de notre art, notre poésie, notre philosophie, nos idéaux, nos aspirations religieuses, nos efforts vers la connaissance et la perfection. Mais la plupart des centres intérieurs sont fermés ou endormis ; les ouvrir et les rendre éveillés et actifs est l'un des buts du yoga. A mesure qu'ils s'ouvrent, les pouvoirs et les possibilités de l'être intérieur s'animent en nous ; nous nous éveillons d'abord à une conscience plus vaste, puis à une conscience cosmique ; nous ne sommes plus des petites personnalités séparées avec une vie limitée ; nous devenons les centres d'une action universelle, en contact direct avec les forces cosmiques. En outre, au lieu d'être sans le vouloir le jouet de ces forces, comme l'est la personne de surface, nous pouvons dans une certaine mesure devenir conscients et maîtres du jeu de la nature - cette mesure dépend du développement de l'être intérieur et de son ouverture vers le haut, aux niveaux spirituels supérieurs. En même temps, l'ouverture du centre du coeur libère l'être psychique, et celui-ci commence à nous rendre conscients du Divin en nous et de la Vérité supérieure au-dessus de nous.
For the highest spiritual Self is not even behind our personality and bodily existence but is above it and altogether exceeds it. The highest of the inner centres is in the head, just as the deepest is the heart; but the centre which opens directly to the Self is above the head, altogether outside the physical body, in what is called the subtle body, sukshma sharira. This Self has two aspects and the results of realising it correspond to these two aspects. One is static, a condition of wide peace, freedom, silence: the silent Self is unaffected by any action or experience; it impartially supports them but does not seem to originate them at all, rather to stand back detached or unconcerned, udasina. The other aspect is dynamic and that is experienced as a cosmic Self or Spirit which not only supports but originates and contains the whole cosmic action--not only that part of it which concerns our physical selves but also all that is beyond it--this world and all other worlds, the supraphysical as well as the physical ranges of the universe. Moreover, we feel the Self as one in all; but also we feel it as above all, transcendent, surpassing all individual birth or cosmic existence. To get into the universal Self--one in all--is to be liberated from ego; ego either becomes a small instrumental circumstance in the consciousness or even disappears from our consciousness altogether. That is the extinction or Nirvana of the ego. To get into the transcendent self above all makes us capable of transcending altogether even cosmic consciousness and action--it can be the way to that complete liberation from the world-existence which is called also extinction, laya, moksha, nirvana. Car le Moi spirituel suprême n'est pas même derrière notre personnalité ni notre existence corporelle ; il est au-dessus et il les dépasse tout à fait. Le plus élevé des centres intérieurs est dans la tête, de même que le plus profond est dans le coeur ; mais le centre qui s'ouvre directement au Moi, est au-dessus de la tête, tout à fait hors du corps physique, dans ce que l'on appelle le corps subtil, soûkshma sharîra. Ce Moi a deux aspects, et lorsqu'on entre dans sa réalité, les résultats correspondent à ces deux aspects. L'un est statique : c'est un état de paix, de liberté, de silence vastes ; le Moi silencieux n'est affecté par aucune action ou expérience ; il les soutient sans partialité et ne semble pas du tout les engendrer mais se tenir en arrière, détaché ou indifférent, oudâsîna. L'autre aspect est dynamique ; on le perçoit comme un Moi ou Esprit cosmique qui non seulement soutient, mais engendre et contient toute l'action cosmique - non seulement la partie de l'action cosmique qui concerne notre moi physique, mais aussi tout ce qui est au-delà : ce monde-ci et tous les autres mondes, les domaines supraphysiques autant que les domaines physiques de l'univers. En outre, on sent que le Moi est un tout en tout, mais on sent aussi qu'il est au-dessus de tout, transcendant, surpassant toute naissance individuelle ou toute existence cosmique. Entrer dans le Moi universel - un en tout - c'est être libéré de l'ego ; l'ego devient une petite circonstance instrumentale dans la conscience, ou même il disparaît tout à fait de notre conscience. C'est l'extinction ou nirvâna de l'ego. Entrer dans le Moi transcendant au-dessus de tout, nous rend capables de dépasser complètement la conscience et l'action cosmiques elles-mêmes - ce peut être la voie de la libération complète hors de l'existence dans le monde, appelée aussi extinction, laya, môksha, nirvâna.
It must be noted however that the opening upward does not necessarily lead to peace, silence and Nirvana only. The sadhak becomes aware not only of a great, eventually an infinite peace, silence, wideness above us, above the head as it were and extending into all physical and supraphysical space, but also he can become aware of other things--a vast Force in which is all power, a vast Light in which is all knowledge, a vast Ananda in which is all bliss and rapture. At first they appear as something essential, indeterminate, absolute, simple, kevala: a Nirvana into any of these things seems possible. But we can come to see too that this Force contains all forces, this Light all lights, this Ananda all joy and bliss possible. And all this can descend into us. Any of them and all of them can come down, not peace alone; only the safest is to bring down first an absolute calm and peace, for that makes the descent of the rest more secure; otherwise it may be difficult for the external nature to contain or bear so much Force, Light, Knowledge or Ananda. All these things together make what we call the higher spiritual or Divine Consciousness. The psychic opening through the heart puts us primarily into connection with the individual Divine, the Divine in his inner relation with us; it is especially the source of love and bhakti. This upward opening puts us into direct relation with the whole Divine and can create in us the divine consciousness and a new birth or births of the spirit. Mais notons que la paix, la silence et le nirvâna, ne sont pas nécessairement le seul aboutissement de l'ouverture vers le haut. Non seulement le sadhâk prend conscience d'une paix, d'un silence, d'une étendue immenses et finalement infinis, au-dessus de lui, au-dessus de sa tête pour ainsi dire, et s'étendant dans tout l'espace physique et supraphysique, mais il peut prendre conscience d'autres choses aussi : d'une vaste Force en laquelle est tout pouvoir ; d'une vaste Lumière en laquelle est toute connaissance ; d'un vaste Ânanda en lequel est toute béatitude et tout ravissement. Tout d'abord, ces expériences apparaissent comme essentielles, indéterminées, absolues, simples, kêvala ; un nirvâna semble possible dans l'une quelconque d'entre elles. Mais nous pouvons arriver à voir aussi que cette Force contient toutes les forces, cette Lumière toutes les lumières, cet Ânanda toute la joie et toute la béatitude possibles. Et tout cela peut descendre en nous. Séparément ou ensemble, toutes ces expériences peuvent descendre, et pas seulement la paix ; mais le plus prudent est de faire d'abord descendre une paix et un calme absolus, car cela donne plus de sécurité pour la descente du reste, sinon il peut être difficile pour la nature extérieure de contenir ou de supporter tant de Force, de Lumière, de Connaissance ou d'Ânanda. L'ensemble de ces expériences constitue ce que nous appelons la Conscience spirituelle supérieure ou Conscience divine. L'ouverture psychique par le coeur nous met essentiellement en contact avec le Divin individuel, le Divin dans sa relation intime avec nous ; c'est surtout la source de l'amour et de la bhakti. L'ouverture vers le haut nous met en relation directe avec le Divin intégral et peut créer en nous la conscience divine et une nouvelle naissance de l'esprit.
When the Peace is established, this higher or Divine Force from above can descend and work in us. It descends usually first into the head and liberates the inner mind centres, then into the heart centre and liberates fully the psychic and emotional being, then into the navel and other vital centres and liberates the inner vital, then into the Muladhara and below and liberates the inner physical being. It works at the same time for perfection as well as liberation; it takes up the whole nature part by part and deals with it, rejecting what has to be rejected, sublimating what has to be sublimated, creating what has to be created. It integrates, harmonises, establishes a new rhythm in the nature. It can bring down too a higher and yet higher force and range of the higher nature until, if that be the aim of the sadhana, it becomes possible to bring down the supramental force and existence. All this is prepared, assisted, farthered by the work of the psychic being in the heart centre; the more it is open, in front, active, the quicker, safer, easier the working of the Force can be. The more love and bhakti and surrender grow in the heart, the more rapid and perfect becomes the evolution of the sadhana. For the descent and transformation imply at the same time an increasing contact and union with the Divine. Lorsque la Paix est établie, cette Force supérieure ou divine qui vient d'en haut, peut descendre et travailler en nous. D'habitude, elle descend d'abord dans la tête et libère les centres du mental intérieur, puis dans le centre du coeur et libère pleinement l'être psychique et émotif, puis dans le centre ombilical et les autres centres vitaux et libère le vital intérieur, puis dans le moûlâdhâra et au-dessous, et libère l'être physique interne. Cette Force divine travaille pour la perfection et pour la libération en même temps ; elle prend la nature tout entière, élément par élément, et la travaille, éliminant ce qui doit être éliminé, sublimant ce qui doit être sublimé, créant ce qui doit être créé. Elle intègre, harmonise, établit dans la nature un rythme nouveau. Elle peut aussi faire descendre une force de plus en plus haute et des étendues de plus en plus élevées de la nature supérieure, jusqu'à ce qu'il devienne possible, si tel est le but de la sâdhanâ, de faire descendre la force et l'existence supramentales. Tout cela est préparé, soutenu, aidé par le travail de l'être psychique dans le centre du coeur ; plus il est ouvert, en avant, actif, plus le travail de la Force sera prompt, sûr et aisé. Plus l'amour, la bhakti et la soumission grandissent dans le coeur, plus l'évolution de la sâdhanâ devient rapide et parfaite. Car la descente et la transformation impliquent en même temps un contact et une union croissante avec le Divin.
That is the fundamental rationale of the sadhana. It will be evident that the two most important things here are the opening of the heart centre and the opening of the mind centres to all that is behind and above them. For the heart opens to the psychic being and the mind centres open to the higher consciousness and the nexus between the psychic being and the higher consciousness is the principal means of the siddhi. The first opening is effected by a concentration in the heart, a call to the Divine to manifest within us and through the psychic to take up and lead the whole nature. Aspiration, prayer, bhakti, love, surrender are the main supports of this part of the sadhana--accompanied by a rejection of all that stands in the way of what we aspire for. The second opening is effected by a concentration of the consciousness in the head (afterwards, above it) and an aspiration and call and a sustained will for the descent of the divine Peace, Power, Light, Knowledge, Ananda into the being--the Peace first or the Peace and Force together. Some indeed receive Light first or Ananda first or some sudden pouring down of knowledge. With some there is first an opening which reveals to them a vast infinite Silence, Force, Light or Bliss above them and afterwards either they ascend to that or these things begin to descend into the lower nature. With others there is either the descent, first into the head, then down to the heart level, then to the navel and below and through the whole body, or else an inexplicable opening--without any sense of descent--of peace, light, wideness or power, or else a horizontal opening into the cosmic consciousness or in a suddenly widened mind an outburst of knowledge. Whatever comes has to be welcomed--for there is no absolute rule for all--but if the peace has not come first, care must be taken not to swell oneself in exultation or lose the balance. The capital movement however is when the Divine Force or Shakti, the power of the Mother comes down and takes hold, for then the organization of the consciousness begins and the larger foundation of the yoga. Tel est le principe fondamental de la sâdhanâ. Il apparaîtra clairement que les deux choses les plus importantes ici sont l'ouverture du centre du coeur et l'ouverture des centres du mental à tout ce qui est derrière eux et au-dessus. Car le coeur s'ouvre à l'être psychique et les centres du mental s'ouvrent à la conscience supérieure ; or, la conjonction de l'être psychique et les centres du mental s'ouvrent à la conscience supérieure ; or, la conjonction de l'être psychique et de la conscience supérieure est le principal moyen d'obtenir la sidhi. La première ouverture s'effectue par une concentration dans le coeur, un appel au Divin pour qu'il se manifeste en nous et qu'à travers le psychique, il se saisisse de notre nature toute entière et la dirige. L'aspiration, la prière, la bhakti, l'amour, la soumission sont les principaux supports de cette partie de la sâdhanâ - accompagnés du rejet de tout ce qui barre la route à ce à quoi nous aspirons. La seconde ouverture s'effectue par une concentration de la conscience dans la tête ( ensuite, au-dessus de la tête ) et une aspiration, un appel, une volonté soutenue de faire descendre dans l'être la Paix, le Pouvoir, la Lumière, la Connaissance, la Béatitude (Ânanda) divins - la Paix d'abord, ou la Paix et la Force ensemble. En fait, quelques-uns reçoivent la Lumière ou d'abord l'Ânanda, ou sont brusquement envahis par la Connaissance. Pour certains, il y a d'abord une ouverture qui leur révèle un Silence, une Force, une Lumière ou une Béatitude, vastes et infinis au-dessus d'eux, et plus tard, ils s'élèvent jusque-là, ou bien ces expériences commencent à descendre dans la nature inférieure. Chez d'autres, il y a une descente, d'abord dans la tête, puis jusqu'au niveau du coeur, puis au niveau du nombril et au-dessous, et finalement à travers le corps tout entier, ou bien ( sans aucun sens de descente ) une ouverture inexplicable de paix, de lumière, d'étendue ou de pouvoir, ou encore une ouverture horizontale dans la conscience cosmique, ou un jaillissement de connaissance dans un mental soudain élargi. On doit faire bon accueil à tout ce qui vient, car il n'est pas de règle absolue applicable à tous ; mais si la paix n'est pas venue la première, il faut prendre garde de se gonfler d'exaltation ou de perdre l'équilibre. En tout cas, le mouvement capital se produit quand la Force ou Shakti divine, le pouvoir de la Mère, descend et prend le contrôle, car alors l'organisation de la conscience commence et la base du yoga devient plus large.
The result of the concentration is not usually immediate--though to some there comes a swift and sudden outflowering; but with most there is a time longer or shorter of adaptation or preparation, especially if the nature has not been prepared already to some extent by aspiration and Tapasya. The coming of the result can sometimes be aided by associating with the concentration one of the processes of the old yoga. There is the Adwaita process of the way of knowledge--one rejects from oneself the identification with the mind, vital, body, saying continually ``I am not the mind'', ``I am not the vital'', ``I am not the body'', seeing these things as separate from one's real self--and after a time one feels all the mental, vital, physical processes and the very sense of mind, vital, body becoming externalised, an outer action, while within and detached from them there grows the sense of a separate self-existent being which opens into the realisation of the cosmic and transcendent spirit. There is also the method--a very powerful method--of the Sankhyas, the separation of the Purusha and the Prakriti. One enforces on the mind the position of the Witness--all action of mind, vital, physical becomes an outer play which is not myself or mine, but belongs to Nature and has been enforced on an outer me. I am the witness Purusha; I am silent, detached, not bound by any of these things. There grows up in consequence a division in the being; the sadhak feels within him the growth of a calm silent separate consciousness which feels itself quite apart from the surface play of the mind and the vital and physical Nature. Usually when this takes place, it is possible very rapidly to bring down the peace of the higher consciousness and the action of the higher Force and the full march of the yoga. But often the Force itself comes down first in response to the concentration and call and then, if these things are necessary, it does them and uses any other means or process that is helpful or indispensable. En général, le résultat de la concentration n'est pas immédiat, bien que chez certains il y ait un épanouissement brusque et rapide ; mais la plupart passent par une période plus ou moins longue d'adaptation ou de préparation, surtout si la nature n'a pas été déjà préparée jusqu'à un certain point par l'aspiration et la tapasyâ. L'obtention du résultat peut parfois être facilitée en associant à la concentration l'un des procédés des anciens yoga. Il y a la méthode " advaïta " de la voie de la connaissance : on rejette l'identification de soi avec le mental, le vital et le corps, en se répétant sans cesse : " Je ne suis pas le mental ", " je ne suis pas le vital ", " je ne suis pas le corps ", et en regardant ces éléments comme séparés de son moi véritable ; au bout d'un certain temps, on sent toutes les activités mentales, vitales et corporelles, et jusqu'au sens même du mental, du vital et du corps, s'extérioriser et devenir une action en-dehors de soi, tandis qu'à l'intérieur et détaché d'eux, se développe le sens d'un être distinct et autonome qui s'ouvre à la réalisation de l'esprit cosmique et transcendant. Il y a aussi la méthode ( très puissante méthode ) des " Sânkhya ", la séparation du Pourousha et de la Prakriti. On oblige le mental à prendre la position de Témoin : toute action du mental, du vital et du physique, devient un jeu extérieur qui n'est ni moi ni à moi, mais qui appartient à la Nature et a été imposé à un moi extérieur. Je suis le Pourousha témoin ; je suis silencieux, détaché et ne suis lié par aucune de ces choses. En conséquence, une division se produit dans l'être ; le sâdhak sent croître en lui une conscience distincte, calme et silencieuse, qui se sait tout à fait séparée du jeu superficiel de la Nature mentale, vitale et physique. D'habitude, lorsque ceci se produit, il est possible de faire descendre très rapidement la paix de la conscience supérieure, l'action de la Force supérieure et le plein mouvement du yoga. Mais souvent, la Force elle-même descend d'abord en réponse à la concentration et à l'appel ; après quoi, si ces procédés sont nécessaires, elle les utilise, ou bien elle emploie n'importe quel autre moyen ou procédé qui lui semble utile ou indispensable.
One thing more. In this process of the descent from above and the working it is most important not to rely entirely on oneself, but to rely on the guidance of the Guru and to refer all that happens to his judgment and arbitration and decision. For it often happens that the forces of the lower nature are stimulated and excited by the descent and want to mix with it and turn it to their profit. It often happens too that some Power or Powers undivine in their nature present themselves as the Supreme Lord or as the Divine Mother and claim the being's service and surrender. If these things are accepted, there will be an extremely disastrous consequence. If indeed there is the assent of the sadhak to the Divine working alone and the submission or surrender to that guidance, then all can go smoothly. This assent and a rejection of all egoistic forces or forces that appeal to the ego are the safeguard throughout the sadhana. But the ways of nature are full of snares, the disguises of the ego are innumerable, the illusions of the Powers of Darkness, Rakshasi Maya, are extraordinarily skilful; the reason is an insufficient guide and often turns traitor; vital desire is always with us tempting to follow any alluring call. This is the reason why in this yoga we insist so much on what we call Samarpana--rather inadequately rendered by the English word surrender. If the heart centre is fully opened and the psychic is always in control, then there is no question; all is safe. But the psychic can at any moment be veiled by a lower upsurge. It is only a few who are exempt from these dangers and it is precisely those to whom surrender is easily possible. The guidance of one who himself is by identity or represents the Divine is in this difficult endeavour imperative and indispensable. What I have written may help you to get some clear idea of what I mean by the central process of the yoga. I have written at some length but, naturally, could cover only the fundamental things. Whatever belongs to circumstance and detail must arise as one works out the method, or rather as it works itself out--for the last is what usually happens when there is an effective beginning of the action of the sadhana. Autre chose encore. Dans ce processus de descente et de travail, il est extrêmement important de ne pas compter exclusivement sur soi-même, mais de s'en remettre à la direction du Gourou et de référer tout ce qui se produit à son jugement, son arbitrage, sa décision. Car il arrive souvent que les forces de la nature inférieure soient stimulées et excitées par la descente et veuillent s'y mêler et la détourner à leur profit. Il arrive souvent aussi qu'une ou plusieurs Puissances de nature non-divine veulent se faire passer pour le Seigneur suprême ou la Mère divine et exigent de l'être service et soumission. Si l'on y consent, les conséquences seront absolument désastreuses. Si le sâdhak donne vraiment son consentement au travail du seul Divin et se soumet et s'abandonne à sa seule direction, alors tout peut se passer sans heurts. Ce consentement et le rejet de toutes les forces égoïstes ou de celles qui plaisent à l'ego, sont la sauvegarde du sâdhak d'un bout à l'autre de la sâdhanâ. Mais les voies de la nature sont pleines d'embûches, les travestissements de l'ego sont innombrables, les illusions des Puissances des Ténèbres, râkshasî mâyâ, sont extraordinairement habiles ; la raison est un guide insuffisant et nous trahit souvent ; le désir vital nous accompagne toujours et nous pousse à répondre à tout appel alléchant. Pour cette raison, nous insistons tellement dans notre yoga sur ce que nous appelons samarpana ( que rend assez mal le mot français "soumission", "surrender" en anglais ). Si le centre du coeur est pleinement ouvert et que le psychique garde toujours la direction, aucune question ne se pose : on est en sûreté. Mais le psychique peut à tout moment être voilé par une vague d'en bas. Peu nombreux sont ceux qui échappent à ces dangers, et ce sont justement ceux pour qui la soumission est facile. Dans cette entreprise difficile, la direction de quelqu'un qui est lui-même le Divin par identification ou qui le représente, est impératif et indispensable. Ce que je viens d'écrire pourra vous aider à avoir quelque idée claire de ce que j'entends par le processus central du yoga. J'ai écrit un peu longuement, mais je n'ai évidemment pu traiter que les points fondamentaux. Tout ce qui est du domaine des circonstances et du détail, doit se présenter à mesure que l'on élabore la méthode, ou plutôt que la méthode s'élabore d'elle-même, car c'est cela qui se produit d'habitude lorsque commence effectivement l'action de la sâdhanâ.
Sri Aurobindo

in SABCL, volume 24
Letters on Yoga
Part 4 Section 1 "The Triple Transformation: Psychic - Spiritual - Supramental" (pages 1163-1170)

also in: Lights on Yoga Part 3 "Surrender and Opening" (pages 31-39 of the booklet edition)
Sri Aurobindo Ashram Press - Pondicherry - India
Free emailed catalog at SABDA (Publisher of the Ashram)

also in The Integral Yoga - Sri Aurobindo's Teaching and Method of Practice Part 8 The Triple Transformation: Psychic - Spiritual - Supramental (pages 211-218)
Lotus Light Publications - Twin Lakes - USA

Sri Aurobindo

Traduction de La Mère

in Lettres sur le Yoga Tome 5 Première partie "La triple transformation: psychique, spirituelle et supramentale (pages 89-97)
Buchet/Chastel - Paris - France
et Sri Aurobindo Ashram Press - Pondichéry - Inde
Catalogue de SABDA (Éditeur de l'Ashram) envoyé gratuitement par e-mail

in  Lumières sur le Yoga Chapitre III "Soumission et Ouverture" (pages 50-64 de l'édition en livret)
Sri Aurobindo Ashram Trust - Pondichéry - Inde

autre traduction de Lizelle Reymond et Jean Herbert in: Lumières sur le Yoga Chapitre 3: Soumission et Ouverture dans "Le Guide du Yoga" (pages 161-170)
Albin Michel - Paris - France -Collection de poche "Spiritualités Vivantes" N° 2


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