Toutes ces expériences sont de même nature et ce qui
s'applique à l'une s'applique aux autres. À part quelques-unes
qui ont un caractère personnel, ce sont soit des idées-vérités
comme il s'en déverse d'en- haut dans la conscience lorsqu'on
entre en contact avec certains plans de l'être, soit des formations
vigoureuses venues des mondes plus vastes du mental et du vital qui,
dès lors qu'on y est directement ouvert, font irruption et veulent
se servir du sâdhak pour se réaliser. Quand elles pénètrent
ou se déversent d'en haut, elles apparaissent avec une grande
force, suscitent un sentiment très vif d'inspiration ou d'illumination,
une grande sensation de lumière et de joie, une impression d'élargissement
et de pouvoir. Le sâdhak se sent libéré des limites
normales, projeté dans un monde d'expérience nouveau et
merveilleux, empli, élargi, exalté; par ailleurs ce qui
vient se conjugue avec ses aspirations, ses ambitions, ses conceptions
de l'accomplissement spirituel et de la siddhi yoguique et va même
jusqu'à se présenter comme la réalisation et l'accomplissement.
Il se laisse très facilement emporter par cette splendeur et
cette irruption et croit avoir réalisé davantage qu'il
n'a véritablement accompli: quelque chose de définitif
ou du moins de souverainement vrai. À ce stade, il lui manque
d'ordinaire la connaissance et l'expérience indispensables qui
lui diraient que ce n'est là qu'un début très incertain
et très mélangé; il peut ne pas comprendre tout
de suite qu'il est encore dans l'ignorance cosmique, non dans la Vérité
cosmique, moins encore dans la Vérité transcendante, et
que toutes les idées-vérités formatrices ou dynamiques
qui ont pu descendre en lui sont seulement partielles et d'autant plus
amoindries qu'une conscience encore impure les lui a offertes. Il peut
aussi ne pas comprendre que s'il applique avec précipitation
ce qu'il réalise ou reçoit comme si c'était définitif,
il risque soit de tomber dans la confusion et l'erreur, soit de s'enfermer
dans une formation partielle où se trouve peut-être un
élément de Vérité spirituelle, mais celui-ci
sera sans doute éclipsé par des adjonctions mentales et
vitales plus contestables qui le déformeront tout à fait.
C'est seulement quand il sera capable (que ce soit immédiatement
ou après un certain temps) de se retirer de ses expériences,
de se tenir au-dessus d'elles avec la conscience sans passion du témoin,
d'observer leur véritable nature, leurs limites, leur composition,
leurs impuretés, qu'il pourra poursuivre son chemin vers la vraie
liberté et vers une siddhi plus haute, plus vaste et plus vraie.
À chaque pas il faut le faire. Car tout ce qui vient ainsi au
sâdhak de notre yoga, que ce soit du surmental, de l'intuition
ou du Mental illuminé, ou encore de quelque plan très
élevé de la Vie, ou de tout à la fois, n'est ni
décisif, ni final; ce n'est pas la Vérité suprême
dans laquelle il pourrait se reposer, mais seulement une étape.
Et pourtant il faut passer par ces étapes, car le supramental
ou Vérité suprême ne peut être atteint en
un seul bond, ni même en plusieurs bonds successifs; il faut progresser
avec calme, patience et régularité en parcourant de nombreuses
étapes intermédiaires, sans se laisser lier ni attacher
à leur Vérité, à leur Lumière, à
leur Pouvoir ou à leur Ânanda inférieurs.
Il s'agit en fait d'un état intermédiaire, d'une zone
de transition entre la conscience ordinaire dans le mental et la véritable
connaissance yoguique. On peut la franchir sans dommage, en percevant
immédiatement ou très tôt sa véritable nature
et en refusant d'être retenu par ses demi-lumières et par
ses expériences tentatrices, mais imparfaites et souvent mélangées
et trompeuses. On peut s'y égarer, suivre des voix fausses et
des conseils mensongers, et l'aboutissement est un désastre spirituel;
ou l'on peut s'installer dans cette zone intermédiaire, refuser
d'aller plus loin, et y construire quelque demi-vérité
que l'on prend pour la vérité totale, ou devenir l'instrument
des pouvoirs de ces plans de transition; c'est ce qui arrive à
beaucoup de sâdhak et de yogis. Submergés par la première
irruption d'un état supranormal et le sentiment de pouvoir qu'il
apporte, ils sont éblouis par une petite lumière qui leur
semble une illumination extraordinaire ou par le contact d'une force
qu'ils prennent à tort pour la Force divine tout entière
ou du moins pour une très grande Shakti du yoga; ou bien ils
prennent quelque Pouvoir intermédiaire (qui n'est pas toujours
un Pouvoir du Divin) pour le Suprême, et une conscience intermédiaire
pour la suprême réalisation. Ils en viennent très
aisément à penser qu'ils sont dans la pleine conscience
cosmique alors qu'ils n'ont eu qu'un contact dynamique avec une face
ou une petite partie de cette conscience, ou avec des régions
plus vastes du Mental, de la Force de Vie ou du physique subtil. Ou
encore ils ont l'impression d'être eux-mêmes dans une conscience
entièrement illuminée, alors qu'en réalité
ils reçoivent imparfaitement ce qui vient d'en haut par l'illumination
partielle d'un plan mental ou vital quelconque; car ce qui leur vient
est amoindri et souvent déformé au cours de sa transmission
à travers ces plans; souvent le mental et le vital récepteurs
du sâdhak comprennent ou traduisent mal ce qu'ils ont reçu,
ou projettent pour les y mêler leurs propres idées, leurs
sentiments, leurs désirs, qu'ils ne tiennent pourtant pas pour
leurs mais pour une partie de la Vérité reçue,
parce qu'ils se mêlent à elle, imitent sa forme, sont illuminés
par sa clarté et acquièrent, par cette conjonction et
cette lumière empruntée, une valeur exagérée.
Il existe des dangers plus graves dans cette zone d'expérience
intermédiaire. Car les plans auxquels le sâdhak a maintenant
ouvert sa conscience - et dont il ne reçoit pas, comme auparavant,
de simples aperçus et quelques influences, mais directement le
plein impact - lui envoient une foule d'idées, d'impulsions,
de suggestions, de formations de toutes sortes, souvent tout à
fait opposées les unes aux autres, incohérentes ou incompatibles,
mais qui se présentent de manière à estomper leurs
manques et leurs différences, avec une force, une plausibilité
et une richesse d'arguments très grandes ou en suscitant un sentiment
convaincant de certitude. Submergé par ce sentiment de certitude,
cette intensité, cette apparence de profusion et de richesse,
le mental du sâdhak entre dans une grande confusion qu'il prend
pour une organisation et un ordre plus vastes; ou encore il tourbillonne
dans d'incessants changements et déplacements qu'il prend pour
un progrès rapide, mais qui ne le mènent nulle part. Ou
il court le danger contraire de devenir l'instrument d'une formation
d'apparence brillante, mais ignorante; car ces plans sont pleins de
petits Dieux, de forts Daïtyal [=Titans, fils de Diti qui symbolise
l'être divisé, la conscience séparative] ou d'êtres
inférieurs qui veulent créer, matérialiser quelque
chose ou imposer à la vie terrestre une formation mentale et
vitale et sont avides d'utiliser, d'influencer ou même de posséder
la pensée et la volonté du sâdhak et d'en faire
leur instrument à cette fin. Ces dangers sont distincts de ceux,
bien connus, qui viennent des êtres véritablement hostiles
dont le seul dessein est de créer la confusion, le mensonge,
la corruption de la sâdhanâ et l'erreur anti-spirituelle,
cause de désastre. Tout sâdhak qui permet à l'un
de ces êtres - qui s'approprient souvent un Nom divin - de s'emparer
de lui, perdra son chemin dans le yoga. D'autre part, il est tout à
fait possible que le sâdhak trouve, pour l'accueillir à
son entrée dans cette zone, un Pouvoir du Divin qui l'aide et
le guide jusqu'à ce qu'il soit prêt pour des choses plus
grandes; cependant, même cette éventualité n'est
pas une sauvegarde contre les erreurs et les égarements de cette
zone; car rien n'est plus aisé, pour les pouvoirs de ces zones
ou les pouvoirs hostiles, que d'imiter la Voix ou l'Image du guide,
de tromper et d'égarer le sâdhak, ou pour ce sâdhak
lui-même d'attribuer au Divin les créations et les formations
de son propre mental, de son vital ou de son ego.
Car cette zone intermédiaire est une région de demi-vérités,
ce qui en soi n'aurait pas d'importance, car aucune vérité
n'est complète en dessous du supramental; mais la demi-vérité
ici est souvent si partielle ou bien si ambiguë lorsqu'on l'applique
qu'elle laisse une grande latitude à la confusion, à l'illusion
ou à l'erreur. Le sâdhak croit qu'il n'est plus du tout
dans l'ancienne petite conscience, parce qu'il se sent en contact avec
quelque chose de plus vaste ou de plus puissant, et pourtant la vieille
conscience est toujours là et n'est pas véritablement
abolie. Il sent la maîtrise ou l'influence d'un Pouvoir, d'un
Être ou d'une Force plus grands que lui, aspire à être
son instrument et pense qu'il s'est débarrassé de l'ego;
mais cette absence illusoire d'ego dissimule souvent un ego magnifié.
Des idées s'emparent de lui et entraînent son mental, idées
qui sont vraies seulement en partie et se transforment en mensonges
par une erreur d'application née d'un excès de confiance;
les mouvements de la conscience en sont viciés et la porte est
ouverte à la duperie. Le sâdhak reçoit des suggestions
d'un caractère parfois romanesque qui le flattent en lui donnant
de l'importance ou sont en accord avec ses désirs, et il les
admet sans examen ni contrôle discriminatoire. Même ce qui
est vrai est à tel point exalté ou étendu au-delà
de sa portée, de ses limites et de sa mesure véritables,
que cela engendre l'erreur. C'est une zone que de nombreux sâdhak
doivent traverser, dans laquelle beaucoup errent longtemps et d'où
un grand nombre ne ressortent jamais. En particulier, si leur sâdhanâ
se situe principalement dans le mental et dans le vital, ils y rencontrent
inévitablement de nombreuses difficultés et bien des dangers;
seuls ceux qui obéissent scrupuleusement à des directives
strictes ou ceux dont la nature est dominée par le psychique
franchissent avec facilité cette région intermédiaire,
comme sur une route sûre et clairement balisée. Une sincérité
centrale, une humilité fondamentale préservent aussi de
beaucoup de dangers et de désagréments. On peut alors
passer rapidement au-delà, dans une Lumière plus claire
où, s'il y a encore beaucoup de mélange, d'incertitude
et de lutte, l'être s'oriente pourtant vers la Vérité
cosmique et non vers un prolongement à demi éclairé
de Mâyâ et de l'ignorance.
J'ai décrit en termes généraux, avec ses principaux
caractères et ses possibilités essentielles, cet état
de conscience qui se situe juste au-delà de la frontière
de la conscience normale, parce que c'est là que ces expériences
semblent se produire. Mais différents sâdhak s'y comportent
différemment et réagissent tantôt à une catégorie
de possibilités, tantôt à une autre. Dans votre
cas, il semble que vous y êtes entré parce que vous avez
essayé de faire descendre la conscience cosmique ou d'y pénétrer
de force; peu importe la manière de l'exprimer, peu importe que
l'on soit parfaitement conscient de ce que l'on fait ou conscient en
ces termes; en substance cela revient au même. Ce n'est pas dans
le surmental que vous êtes entré, car il est impossible
de pénétrer directement dans le surmental. Le surmental
est en effet au-dessus de toute l'action de la conscience cosmique et
derrière elle, mais au début on ne peut avoir qu'un contact
indirect avec lui; ce qui en descend passe par des niveaux intermédiaires,
entre dans un plan du mental, un plan du vital, un plan physique subtil
plus vastes, se modifie et s'amoindrit considérablement au cours
de cette transmission, et finit par ne plus ressembler en rien à
la plénitude de pouvoir et de vérité qui était
sienne dans le surmental à ses niveaux d'origine. La plupart
des mouvements ne viennent pas du surmental, mais de plus bas, des niveaux
du mental supérieur. Les idées dont ces expériences
sont pénétrées et sur lesquelles elles semblent
faire reposer leur prétention à la vérité
n'appartiennent pas au surmental, mais au Mental supérieur et
parfois au Mental illuminé; mais il s'y mêle des suggestions
du mental inférieur et des régions vitales et elles sont
gravement amoindries dans leur application, ou, mal appliquées
la plupart du temps. Tout cela n'aurait pas d'importance : c'est habituel
et normal, et l'on doit en passer par là pour arriver à
une atmosphère plus claire où les choses s'organisent
mieux et se fondent sur une base plus sûre. Mais dans votre cas,
ce mouvement s'est effectué dans un esprit exagérément
hâtif et avide, trop plein d'amour-propre et de confiance en soi,
de certitude prématurée, ne reposant sur aucune direction
si ce n'est celle du mental ou du "Divin" tel qu'on en a la
notion et l'expérience à un stade de connaissance très
limité. La notion et l'expérience du Divin que possède
le sâdhak à ce stade ne sont jamais complètes et
pures, même si elles sont fondamentalement authentiques; toutes
sortes de choses s'y mêlent, qui sont attribuées par le
mental et le vital à cette Direction divine et y sont associées;
et l'on croit qu'elles en font partie alors qu'elles proviennent de
sources bien différentes. À supposer même qu'un
conseil lui parvienne directement (le plus souvent, dans ces conditions,
le Divin agit surtout de derrière le voile), cela ne se produit
que de temps en temps et le reste se fait par un jeu de forces; l'erreur,
l'égarement, le mélange d'ignorance s'introduisent en
toute liberté et sont autorisés à le faire parce
que le sâdhak doit être mis à l'épreuve des
forces de ce monde, apprendre par expérience, grandir à
travers l'imperfection jusqu'à la perfection, et s'il en est
capable, s'il est disposé à apprendre, ouvrir les yeux
sur ses propres fautes et ses propres erreurs, en tirer un enseignement
et un profit, afin de grandir vers une Vérité, une Lumière
et une Connaissance plus pures.
Cet état mental a pour résultat que l'on commence à
entériner tout ce qui vient dans cette région mélangée
et suspecte comme s'il s'agissait de la Vérité tout entière
et de la pure Volonté divine; on affirme avec arrogance le caractère
absolu de ces idées et de ces suggestions sans cesse répétées,
comme si elles étaient la Vérité entière
et indéniable. On a l'impression d'être devenu impersonnel
et sans ego, alors que toute la tonalité du mental, son expression
et son esprit sont pleins d'une véhémente outrecuidance
que l'on justifie en affirmant que l'on pense et que l'on agit comme
un instrument du Divin et sous son inspiration. On avance, avec une
grande agressivité, des idées qui sont peut-être
légitimes pour le mental, mais qui n'ont pas de valeur spirituelle;
on les présente pourtant comme des absolus spirituels. Par exemple
l'équanimité qui, dans ce sens - car la samatâ yoguique
est tout autre chose - n'est rien de plus qu'un principe mental, la
revendication du droit sacré à l'indépendance,
le refus d'accepter quiconque comme Gourou ou l'opposition entre le
Divin et le Divin humain, etc., ce sont là des attitudes que
peuvent adopter le mental et le vital, et elles sont transformées
en principes que tous deux s'efforcent d'imposer à la vie religieuse
et même à la vie spirituelle; mais elles ne sont pas et
ne peuvent pas être spirituelles par nature. Des suggestions du
plan vital commencent en outre à s'introduire: pullulement d'imaginations
romanesques, fantaisistes ou ingénieuses, interprétations
secrètes, pseudo-intuitions, prétendues initiations aux
choses de l'au-delà, qui excitent ou obnubilent le mental et
sont souvent présentées de manière à flatter
et à magnifier l'ego et l'importance personnelle, mais ne se
fondent sur aucune réalisation spirituelle ou occulte confirmée
et relevant de la vérité. Cette région est pleine
d'éléments de ce genre et si on les laisse agir, ils commencent
à assaillir le sâdhak; mais s'il cherche sérieusement
à atteindre le Suprême, il n'a qu'à les regarder
et passer son chemin. Non que ces suggestions ne contiennent jamais
aucune vérité, mais pour une qui est vraie, neuf imitations
mensongères se présentent et seul un occultiste exercé,
possédant le discernement infaillible qu'engendre une longue
expérience, peut se guider sans s'égarer dans ce dédale
ni s'y laisser prendre. Toute l'attitude, toute l'action, toutes les
paroles peuvent être à tel point encombrées par
les erreurs de cette zone intermédiaire que poursuivre cette
route plus avant serait s'écarter très loin du Divin et
du yoga.
Ici le choix est encore possible: suivre la direction très mélangée
que l'on reçoit au coeur de ces expériences, ou accepter
la direction vraie. Quiconque pénètre dans les royaumes
de l'expérience yoguique est libre de suivre son propre chemin;
le chemin de notre yoga ne peut cependant pas être suivi par n'importe
qui, mais seulement par ceux qui acceptent de poursuivre le but, de
suivre la voie qui leur est désignée et où une
direction sûre est indispensable. Il est oiseux de s'attendre
à poursuivre très loin cette route, et plus encore d'aller
jusqu'au bout, par sa propre force et sa propre connaissance intérieures,
sans l'aide ou l'influence vraie. Même les yogas ordinaires pratiqués
de longue date sont difficiles à suivre sans l'aide du Gourou;
dans celui-ci qui, à mesure qu'il avance, pénètre
dans des contrées inexplorées et des régions inconnues
et touffues, c'est tout à fait impossible. Quant au travail qui
doit être exécuté, ce n'est pas non plus le travail
d'un sâdhak quelconque de n'importe quel sentier; pas plus que
ce n'est le travail du Divin "impersonnel" qui, quant à
lui, n'est pas un Pouvoir actif, mais soutient impartialement toutes
les oeuvres dans l'univers. C'est un champ d'entraînement pour
ceux qui doivent emprunter le chemin difficile et complexe de notre
yoga et nul autre. Tout travail ici doit être accompli dans un
esprit de discipline, d'acceptation et de consécration, sans
chercher à imposer ses exigences et ses conditions personnelles,
mais en se laissant diriger et guider avec une soumission consciente
et vigilante. Le travail accompli dans tout autre esprit a pour résultat
un désordre anti-spirituel, sème la confusion et le trouble
dans l'atmosphère. Là aussi les difficultés, les
erreurs, les faux pas sont fréquents, parce que dans ce yoga
les individus doivent être guidés avec patience, disposer
d'un champ d'action où exercer leurs efforts pour sortir, par
expérience, de l'ignorance naturelle au Mental et à la
Vie et entrer dans un esprit plus vaste et une connaissance lumineuse.
Mais le danger d'errer sans guide dans ces régions situées
au-delà de la frontière est que la base même du
yoga peut en être sapée et que les seules conditions dans
lesquelles le travail peut se faire risquent d'être perdues complètement.
Le passage par cette zone intermédiaire qui n'est pas obligatoire,
car de nombreux sâdhak empruntent un chemin plus étroit,
mais plus sûr - est décisif; ce qui en sortira sera sans
doute une création très vaste ou très riche; mais
lorsqu'on s'y embourbe, le rétablissement est difficile, pénible,
et n'est assuré qu'après un long combat et un long effort.
Sri Aurobindo
Lettres sur le Yoga (Volume 4/6)
Quatrième Partie, Section 5: Expériences de la conscience
intérieure et de la conscience cosmique (p. 281-289)
publié par Sri
Aurobindo Ashram - Pondichéry
diffusé par SABDA
ou Buchet-Chastel - Paris
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