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Pranab

Causerie au lendemain du départ de la Mère

4 décembre 1973

voir note de Bernard
en fin de texte
À PROPOS DE LA MÈRE
le 4 - 12 - 1973

Introduction de Nirod

Frères et Soeurs,
Vous m'excuserez si je m'interpose un instant entre vous et la présence de Pranab impatiemment attendue. En fait, on m'a demandé de vous présenter Pranab à vous tous qui êtes ses frères et ses soeurs. Autant me demander de vous présenter la Mère Elle-même. Bien, si la comparaison semble un peu choquante, même blasphématoire, on peut me pardonner de vous blesser dans vos sentiments. Mais vous savez parfaitement, et peut-être le sais-je un peu mieux, comment Pranab est resté près de la Mère tout au long de Ses épreuves, a même protégé la Mère Divine, c'est le moins que je puisse dire pour être bref. La Mère compta sur lui en bien des circonstances et il L'a servie avec une dévotion indéfectible, comme un esclave. Tant et si bien qu'il est devenu partie intégrante de la Mère. Pour citer ses propres paroles : "La Mère m'a entièrement dévoré." Si vous gardez cela présent à la mémoire, vous vous rendrez compte que mon identification n'est, après tout, pas si absurde. Or, c'est là peut-être la tâche qu'il doit assumer aujourd'hui dans sa causerie, mais la plus grande partie, j'en suis certain, demeurera de l'histoire non écrite.
Il nous a fallu une grande persuasion, et il lui a fallu peser les choses avant qu'il n'accepte notre proposition. Puis, il est venu en souriant et il a dit : "Vous avez gagné." Nous étions vraiment très heureux. En fait, je crois que sa mission est de rendre les gens heureux par son amour. J'espère que sa causerie et sa rayonnante personnalité psychique nous infuseront la foi, l'amour et la force de porter le drapeau de Mère vers le couronnement de Sa Victoire.

Causerie de Pranab

Sur le conseil de mes aînés, et avec leurs bénédictions, et à la demande de mes amis, de mes frères et de mes soeurs, je me présente aujourd'hui devant vous pour vous dire quelques mots sur notre Mère.
Je dois vous dire pour commencer que ce que je vais vous raconter sera ce que j'ai vu et ressenti personnellement. Je suis sûr qu'à ma place un autre aurait vu et senti les choses différemment, et je n'ai pas l'intention d'en faire un sujet de discussion. Je serai fidèle à mes propres sentiments et à mes propres observations.
Après que la Mère a quitté Son corps le 17 novembre, j'ai rencontré beaucoup de gens par petits groupes, et j'ai répondu à leurs questions. J'ai maintenant une idée du genre de questions que les gens se posent généralement. J'en prendrai quelques-unes et j'essaierai de vous dire tout ce que je sais.

La première chose que les gens demandent est : "S'il vous plaît, parlez-nous des derniers jours de la Mère."

Vous savez tous qu'au début d'avril, cette année, la Mère ne S'est pas sentie bien en donnant les bénédictions. Nous avons arrêté les bénédictions ainsi que les entrevues particulières. Elle S'est alitée, Elle S'est reposée davantage et quelques jours plus tard Elle Se portait un peu mieux. Elle a voulu recommencer de voir les gens comme d'habitude, mais Elle a compris tout de suite que ce n'était plus possible. Elle ne voyait donc qu'une douzaine de personnes qui venaient auprès d'Elle pour le travail dont Elle continuait de S'occuper.
Cela s'est poursuivi ainsi pendant quelque temps, mais le soir du 20 mai, vers neuf heures et demie pour être exact, je venais de sortir de Sa chambre pour aller sur la terrasse et Champaklal-ji venait d'y entrer, lorsque soudain on m'a appelé pour voir ce qui était arrivé à la Mère. Je L'ai trouvée extrêmement chagrinée, un peu abattue et je dois dire contrariée par Elle-même. Tout au moins, c'est ce que j'ai vu, ce que j'ai senti. Elle a dit qu'Elle n'avait aucun contrôle sur Son corps. À partir de ce moment-là, Elle a complètement arrêté de voir les gens et Elle est restée presque tout le temps dans Son lit, les yeux fermés. Au début, Elle refusait de manger ou de boire quoi que ce soit, mais d'une façon ou d'une autre nous L'avons persuadée. Cela a continué comme ça.
D'après le conseil du docteur Sanyal, nous devions Lui donner environ vingt à vingt-cinq onces de nourriture par jour. Cela consistait en un peu de potage aux légumes, du lait avec un mélange de protéines, de purée d'amandes, de champignons, d'artichauts ou de choses de ce genre et du jus de fruit pour finir. Elle prenait tout cela sans difficultés, et parfois c'était juste la quantité conseillée par le docteur, parfois c'était plus, parfois moins. Tous ceux qui étaient en bas dans la cour intérieure ont dû entendre combien il nous fallait lutter avec Elle pour Lui faire manger quelque chose. Cela a continué pendant assez longtemps. Le 10 novembre, nous avons remarqué qu'Elle était prise d'une sorte de hoquet.
En fait, nous avions remarqué ce genre de hoquet quelque huit ou dix jours avant, mais il n'avait alors duré que peu de temps. Cette fois-ci, je me suis aperçu que ce hoquet Lui était venu peu après Son déjeuner, je crois qu'il était environ midi et demi et, le soir, quand Elle a commencé de prendre Son dîner, le hoquet était toujours là. Le docteur L'a alors examinée, et il a trouvé Sa tension très basse, Son coeur extrêmement faible et qui ne battait qu'à intervalles très irréguliers. En fait, le coeur a commencé de partir dès ce moment-là et les deux jours suivants, Elle a pris très peu de nourriture. Le soir du 13, vers dix heures, Elle m'a demandé de soulever Ses épaules. Depuis le 10 novembre, Elle ne quittait plus du tout Son lit. Quand le docteur L'avait examinée, il nous avait dit de ne plus La faire sortir du lit. Champaklal-ji d'un côté et moi de l'autre, nous L'avons soulevée. J'ai remarqué qu'Elle trouvait cela très confortable. Mais nous n'avons pu La maintenir longtemps dans cette position. Quelques secondes après, nous L'avons recouchée.
Je dois vous dire que des escarres s'étaient formées sur Son dos, Ses hanches et d'autres parties de Son corps. Elle restait constamment dans la même position, à demi couchée, S'appuyant sur le dos surélevé du lit. Elle avait prit cette habitude probablement dans Sa jeunesse ou dans Son enfance. Comme Elle ne Se couchait que dans une position, nous ne pouvions apporter de soulagement aux endroits affectés. Et le fait que nous L'avions soulevée a dû La réconforter. Cette nuit-là, Elle a demandé toutes les dix, quinze ou vingt minutes qu'on La soulève. Donc pendant toute la nuit, de dix heures jusqu'à quatre heures du matin, Champaklal-ji et moi, nous avons continué de La soulever de Son lit de moment en moment. Elle S'est endormie à quatre heures.
Ce jour-là, le 14, Elle était à peu près normale. Elle a pris un peu de nourriture et la journée s'est très bien passée. La nuit venue, Elle a recommencé à me dire de soulever Ses épaules, Ses jambes et plus tard tout Son corps. Nous l'avons fait plusieurs fois. Puis Elle a dit : "Faites-moi marcher." Nous avons beaucoup hésité, mais comme Elle insistait, nous L'avons soulevée hors du lit. Elle n'a pas pu marcher, Elle a chancelé un peu et S'est presque écroulée. En voyant cela nous L'avons recouchée. Nous avons vu que Son visage était devenu absolument blanc et Ses lèvres bleues. Alors nous avons décidé de ne plus La sortir du lit pour La faire marcher, quoi qu'Elle dise. Il Lui a fallu environ vingt minutes pour Se remettre et Elle a repris : "Soulevez-moi encore, je vais marcher." Nous avons refusé. Elle m'a demandé pourquoi nous refusions. Nous avons dit : "Mère, Tu es dans un état si faible que cela Te ferait du mal." Elle a dit alors: "Non, soulevez-moi." Nous ne l'avons pas fait. Elle a commencé à plaider; parfois Elle criait. Puis, Elle S'est calmée et Elle a dormi de deux heures jusqu'à quatre heures. Mais lorsqu'Elle S'est réveillée, Elle a recommencé : "Pranab, soulève-moi et fais-moi marcher. Mes jambes s'ankylosent; si tu m'aides à marcher de nouveau, elles seront bien." Mais nous ne L'avons pas écoutée. Après le froid de la première expérience, nous devions rester tranquilles. Elle a continué à plaider jusqu'à six heures à peu près, heure à laquelle Elle S'est endormie.
La journée du 15 s'est très bien passée. La Mère a mangé plus que d'habitude. Le soir, Elle m'a demandé de nouveau de La soulever. Nous L'avons soulevée. Ensuite, Elle a voulu que nous L'aidions à marcher. Nous avons refusé. Nous avons dit : "Mère, Tu ne dois pas marcher." Elle nous a obéi aussitôt. Nous avons dû La soulever plusieurs fois et la nuit s'est calmement passée.
C'était le 15. À partir de ce jour-là, Elle est devenue tout à fait docile. Tout ce qu'on Lui disait Elle le faisait. Elle mangeait ce que nous Lui donnions. Et Elle faisait tout ce qu'on Lui conseillait. La journée du 16 aussi s'est bien passée.
La matinée du 17 s'est passée très bien. Le petit déjeuner s'est très bien passé et le déjeuner aussi. Puis après Son déjeuner, quand Kumud et Champaklal-ji L'ont quittée je suis resté avec Elle. J'ai remarqué qu'Elle faisait des bruits étranges et qu'elle soulevait parfois les mains, mais comme Elle le faisait souvent dans Son sommeil je n'ai pas fait trop attention. Je suis sorti à deux heures quand Champaklal-ji et Kumud sont arrivés. Je leur ai dit ce que j'avais remarqué. Quand je suis revenu à cinq heures, Champaklal-ji m'a dit qu'il avait remarqué la même chose, mais que parfois Mère avait crié un peu plus fort. Je suis resté avec Elle de cinq heures jusqu'à six heures et demie. À six heures et demie, Champaklal-ji et Kumud sont revenus. J'allais partir quand la Mère m'a appelé et m'a dit : "Soulevez-moi." De nouveau, Champaklal-ji et moi nous L'avons prise des deux côtés et nous L'avons soulevée. Puis nous L'avons étendue sur le lit. Et je suis sorti. À ce moment-là, comme d'habitude, Kumud a demandé à Mère si Elle prendrait quelques cuillerées d'eau glucosée. La Mère a dit : "Soulevez-moi." Kumud Lui a soulevé les épaules. La Mère voulait que tout Son corps soit soulevé. Ce qui fut fait. André est entré dans la chambre quand la Mère a de nouveau été étendue sur le lit. Quelques minutes plus tard, Kumud a remarqué qu'il venait un bruit de Sa gorge et que Sa tête bougeait d'une façon qu'elle n'aimait pas. Elle a consulté Champaklal-ji et a fait appeler le docteur Sanyal et moi.
Je suis arrivé vers sept heures cinq et j'ai vu le docteur Sanyal déjà là en train de L'examiner. Dyuman-bhaï aussi était là. Je me suis approché de la Mère pour lui prendre le pouls. Le coeur battait encore, mais à de longs intervalles. Elle respirait encore. Mais lentement, tout s'est arrêté. Le docteur Lui a massé le coeur, mais sans effet. Alors, il a déclaré que la Mère avait quitté Son corps. Il était sept heures vingt-cinq du soir. Étant présent et réalisant ma responsabilité, j'ai pensé alors à ce que je devais faire. À ce moment-là, André, Champaklal-ji, le docteur Sanyal, Dyuman-bhaï, Kumud et moi étions présents. J'ai parlé avec André et lui ai dit que je voulais attendre quelque temps et ensuite descendre le corps de Mère et L'installer dans la Salle de Méditation, pour que les gens puissent La voir. Nous garderions le corps de façon qu'il ne soit pas dérangé, puis nous déciderions ce qu'il fallait faire. André a donné son accord. Il a voulu rester avec nous, mais comme il ne se portait pas bien, j'ai suggéré qu'il rentre et se repose et qu'il revienne le lendemain. Il est parti. Nous sommes restés là et nous avons cherché ce qu'il fallait faire.
Nous savions que, si les gens venaient à apprendre immédiatement le retrait physique de la Mère, ce serait la ruée, et la foule réclamerait de La voir. Il y aurait des bruits, des cris et une confusion terrible. Nous avons donc jugé préférable de tenir quelque temps l'événement secret. Le docteur Sanyal a également dit que nous ne devions pas toucher au corps pendant plusieurs heures. On a donc laisse Mère comme Elle était. À onze heures passées, lorsque les portes de l'Ashram ont été fermées, nous avons lavé le corps de la Mère avec de l'eau de Cologne et nous Lui avons passé une jolie robe. Lorsque tout a été arrangé, Dyuman-bhaï et moi, nous sommes descendus appeler Nolini-da. Nolini-da est monté, il a tout vu et il nous a demandé ce que nous allions faire. Je lui ai fait part de mon plan. Il nous a raconté ceci: la Mère lui avait dit une fois que, s'il nous semblait qu'Elle avait quitté Son corps, nous ne devrions pas nous hâter, mais veiller à ce que le corps soit laissé comme il fallait et puis attendre. J'ai dit : "C'est justement ce que nous allons faire. Nous L'avons lavée, sinon les fourmis et les insectes seraient venus. Nous Lui avons mis une nouvelle robe et nous allons La descendre tranquillement et en faisant attention pour L'installer dans la Salle de Méditation. Après un certain temps nous ferons venir les gens." Il a été d'accord. Nous sommes descendus, Dyuman-bhaï, Bula-da, Nirod-da, Kumud et moi, et nous avons placé le lit comme vous l'avez vu. Vers deux heures, nous avons descendu le corps de la Mère, nous L'avons installée sur ce lit, nous avons tout bien arrangé. Puis je suis sorti; j'ai appelé Mona et je lui ai dit de venir me voir avec quatre autres garçons, cinq de mes lieutenants, pour ainsi dire. Quand ils sont venus, j'ai expliqué ce qu'il fallait faire : appeler les photographes d'abord, puis les "Trustees", ensuite tous ceux qui étaient très proches d'Elle. Je leur ai également dit d'organiser des équipes de volontaires pour s'occuper du travail qui devait être fait. Ils sont sortis et ont fait leur travail merveilleusement bien. Puis, à partir de trois heures, les gens que l'on avait prévenus ont commencé de venir. Lorsque nous étions en haut, nous avons rédigé une sorte de déclaration pour la presse et pour All India Radio, afin qu'aucune fausse information ne soit donnée, comme ce fut le cas il y a quelque temps. Nous avons donné le texte à Nirod-da pour qu'il le corrige et à Udar pour qu'il le fasse circuler. À quatre heures un quart du matin, nous avons ouvert les portes de l'Ashram pour que les gens puissent entrer et avoir un dernier Darshan. Vous savez tous ce qui s'est passé ensuite.

La question suivante que les gens me posent est celle-ci : "La Mère, vous a-t-Elle jamais laissé entendre qu'Elle allait quitter Son corps ?"
Ma réponse à cette question est : "Non." Elle a lutté et Elle a fait Son possible jusqu'au bout. Elle avait une volonté formidable et c'était une grande guerrière et Elle a lutté et a tenté de faire ce dont Elle S'était chargée. Elle a beaucoup souffert, il y a eu beaucoup de souffrance. Un jour, il y a quelques années, lorsqu'Elle souffrait terriblement, il Lui est arrivé de dire que la mort ne serait peut-être pas aussi pénible, que la mort serait peut-être mieux. Mais Elle n'a jamais dit qu'Elle aimerait quitter Son corps. Quant à Ses souffrances, je les expliquerai ainsi : parce qu'Elle a résisté, parce qu'Elle a lutté, Elle a souffert. Si Elle avait cédé à ce qu'on appelle les lois naturelles, c'est-à-dire la décomposition, la décrépitude, la mort, Elle n'aurait pas autant souffert. Mais Elle ne l'a pas voulu. Elle a tenté, Elle a lutté, et Elle a souffert et Elle nous a montré comment supporter les souffrances.

Une autre question est la suivante : "La Mère, vous a-t-Elle dit quelque chose avant de quitter Son corps ?"
À cela, je réponds aussi : "Elle ne m'a rien dit." En fait, pendant les six derniers mois où Elle a gardé le lit, Elle a très peu parlé. La plupart du temps, Elle restait les yeux fermés. À intervalles réguliers, nous La soulevions, nous Lui donnions à manger et à boire, nous La lavions et nous Lui passions une nouvelle robe ... Tout ce qu'Elle disait concernait le plus souvent Son corps: qu'Elle sentait la douleur, le froid, qu'Elle voulait de l'eau, que nous devions La placer de telle façon pour qu'Elle n'ait plus mal et qu'Elle soit à l'aise. C'est tout ce qu'Elle disait. Elle ne disait jamais rien au sujet de notre travail, au sujet de l'Ashram ou de qui que ce soit. Il est une chose qu'Elle me répétait souvent, il y bien longtemps, à moi et à d'autres. Elle disait que tout le travail qu'Elle faisait sur Son corps pourrait être gâché de deux façons d'abord, cette Force qu'Elle faisait descendre sur Elle-même serait tellement forte, tellement grande que le corps ne pourrait pas la supporter et s'effondrerait peut-être. C'était une possibilité. La seconde était, si jamais Elle entrait dans une profonde transe, que nous La mettions par erreur dans le Samadhi en pensant qu'Elle avait quitté Son corps, alors là, Son travail serait absolument perdu. Et Elle nous avait donné des instructions pour que nous entourions le corps de la protection nécessaire et que nous soyons vigilants: c'est seulement quand nous serions absolument certains qu'Elle avait quitté Son corps que nous devrions La mettre dans le Samadhi; je crois que nous avons fait comme Elle voulait. - Quant à la première possibilité qu'Elle a mentionnée, c'est à vous de tirer vos conclusions. Mais il est tout à fait certain qu'Elle ne voulait pas quitter Son corps et qu'Elle a travaillé jusqu'au bout. Après être tombée sérieusement malade le 20 mai, quand le docteur Bisht est venu L'examiner pour la première fois, Elle a dit qu'Elle passait par un processus de transformation, quelque chose était en train de Lui arriver, Elle ne savait pas ce que c'était. Elle ne savait pas quoi faire et Elle a demandé au docteur Bisht s'il pouvait L'aider d'une façon ou d'une autre. Naturellement, le docteur Bisht, un homme de science, ne pouvait pas voir les phénomènes intérieurs et il a dit: "Mère, pour voir et Te dire ce qui se passe, je dois faire un grand progrès, je ne peux Te répondre autrement." La Mère a tout de suite répondu: "Fais un grand progrès!" Cela fait comprendre à quel point Elle était désireuse de continuer Son oeuvre de la transformation physique.

"Avez-vous remarqué sur Son corps un indice de transformation physique ?" C'est la question suivante.
Eh bien, c'est un processus intérieur et avec nos yeux humains on ne peut rien voir extérieurement. Peut-être qu'un homme d'une capacité spirituelle extraordinairement haute aurait pu voir, mais quant à moi, je n'ai rien vu. Pendant tout ce temps j'ai admiré la façon dont Elle luttait et j'ai admiré cette volonté, cette volonté invincible de Mère et qui Lui était propre; je l'ai admirée au point de penser qu'à moins de faire effectivement son travail selon le plan que l'on s'est fixé, on ne peut pas posséder ce genre de volonté, cette détermination et cette force.

On me demande ensuite : "Qu'avez-vous ressenti quand la Mère a quitté Son corps ?"
En fait, je La tenais quand Elle a quitté Son corps. Pour moi c'était comme si une bougie s'éteignait lentement. Elle était très paisible, extrêmement paisible et quand le docteur Sanyal a déclaré qu'Elle avait quitté Son corps, à dire vrai, je n'ai ressenti aucun manque. Depuis j'ai senti que mon coeur n'est jamais vide et je n'éprouve aucun manque. Une autre chose m'a beaucoup soulagé : je L'avais vue tellement souffrir qu'à dire vrai quand la fin est arrivée j'ai été content et j'ai pensé que du moins Elle ne souffrait plus. Il fallait voir Ses souffrances pour y croire. Ceux qui étaient là ont vu comment Elle a souffert. Lorsque cela s'est terminé, en tout cas, moi, j'ai senti qu'enfin Elle était sortie de cette agonie. Et vraiment, comme beaucoup d'autres je ne sens pas qu'Elle est partie physiquement. Après avoir vu le message signé par Nolini-da [Si un jour je quitte mon corps ma conscience restera avec vous" = If I ever leave my body my consciousness will remain with you."], nous savons tous qu'Elle lui a promis que, si jamais Elle quittait Son corps, Elle ne retirerait pas Sa conscience. Je crois qu'Elle m'avait suffisamment préparé depuis bien longtemps pour ce qui vient de se passer. Il y a très longtemps, disons en 1948, quand Sri Aurobindo était encore dans Son corps Elle m'a dit : "Je n'ai pas l'intention de m'en aller, je ne partirai pas, et cette fois il n'y aura pas de tragédie; mais si jamais je quitte mon corps, mettez mon corps sous l'Arbre de Service." À cette époque il y avait une espèce de plate-forme de briques avec des fougères. Elle nous a demandé de L'installer là. Et quand Sri Aurobindo a quitté Son corps, Elle a demandé à Udar de construire deux chambres dans la sépulture du Samadhi, l'une au-dessus de l'autre.
Elle nous a dit à plusieurs reprises comment Elle travaillait, quelle résistance Elle rencontrait et combien le travail lui paraissait quelquefois difficile. Récemment, disons après le 15 août 72, j'ai senti que ce qui s'est produit allait peut-être arriver. Je ne pouvais pas le dire à tout le monde, mais à mes associés directs j'ai dit ce que j'éprouvais. Plus tard j'ai ressenti fortement que cela allait arriver. J'ai combattu cette idée, en me disant que cela ne devait pas être. Mais derrière tout se cachait cette idée. J'étais donc complètement prêt, presque depuis le commencement et comme je vous ai dit je n'ai intérieurement éprouvé aucun manque lorsqu'Elle a quitté Son corps. Je n'ai senti aucune différence.

On m'a demandé ensuite : "D'après vous, quelles sont les raisons qui Lui ont fait quitter Son corps ?"
C'est une question très délicate et à laquelle il est très difficile de répondre, mais je dirai que les lois physiques tenaient encore et qu'elles n'ont pas pu être dominées. D'un côté il y avait cela. De l'autre, notre insincérité, notre déloyauté, nos tromperies, notre trahison. Tout cela éta4t de la boue que nous Lui jetions par pelletées et Elle devait livrer bataille sur deux fronts. D'un côté, Elle devait combattre l'assaut de la décrépitude et de l'âge et de l'autre, Elle luttait contre cette saleté que nous jetions sans fin sur Elle. Mais c'est plutôt le corps faiblissant que je tiens pour responsable de ce qui s'est passé. J'ai souvent vu qu'Elle ne pouvait pas se concentrer beaucoup, qu'Elle ne pouvait pas beaucoup parler, qu'Elle ne pouvait pas beaucoup écrire, qu'Elle ne pouvait pas voir les gens, qu'Elle ne pouvait pas faire ce qu'Elle voulait faire, parce que le corps faiblissait et que la saleté et la boue dont nous La couvrions continuaient à augmenter, à augmenter, à augmenter. . . J'ai senti et j'ai aussi vu une sorte de désespoir et je pense que ces deux choses sont pleinement responsables. Si Elle avait été en bonne santé et si Elle avait eu un corps robuste, je suis sûr qu'Elle serait venue à bout de l'autre. Mais Elle ne pouvait faire grand-chose si le coeur ne fonctionnait pas bien, si les reins fonctionnaient mal, si les dents, les mâchoires et d'autres parties du corps étaient malades et si Elle ne pouvait plus contrôler les fonctions de Son corps. Ce sont donc ces deux facteurs qui me viennent à l'esprit lorsqu'on me demande les raisons qui Lui ont fait quitter Son corps. Mais je crois encore qu'Elle n'avait rien décidé, personne ne me convaincra qu'Elle avait décidé de partir et qu'Elle est donc partie. Je crois que c'est arrivé parce qu'il ne pouvait en être autrement. Je suis absolument certain que, si Elle n'avait pas eu la conviction qu'Elle implanterait la Transformation Supramentale dans Son corps, Elle n'aurait pas pu faire tout le Grand OEuvre qu'Elle a accompli. Grâce à cette conviction, cette Vérité a été fermement établie dans la Conscience terrestre. Pour le moment, ce qui s'est passé ne peut être qu'un ajournement du travail qu'Elle effectuait sur Son corps.

On me demande ensuite : "Reviendra-t-Elle dans le même corps ?"
À cela je réponds - c'est ce que je sens - "non". Si Elle doit revenir, il n'y avait aucune nécessité de quitter le corps. Et le corps lui-même était usé, tous les organes étaient usés par l'âge. Je crois - c'est mon impression - que de revenir dans un tel corps et de le guérir de tout cela et de lui rendre la santé et la jeunesse n'est pas possible.

La question suivante est : "Reviendra-t-Elle dans un nouveau corps parmi nous ?"
À cela je dois dire "certainement". À travers les âges, dès l'aube de la création, Elle est venue plusieurs fois, beaucoup, beaucoup de fois, pour nous aider à progresser, pour nous aider à avancer et je crois et je suis sûr et vous serez tous d'accord avec moi si je dis qu'Elle reviendra dans l'avenir pour nous mener plus loin.

Ensuite quelqu'un m'a demandé : "Auparavant, chaque fois que nous avions des problèmes, nous Lui écrivions et Elle nous aidait. Maintenant que devons-nous faire ?"
Je vous dirai ce qu'Elle nous disait constamment. Elle disait : "Je suis installée dans vos coeurs à tous. Simplement soyez calmes, essayez d'entendre ce que je dis au-dedans de vous et agissez selon les instructions que je donne. Mais pour cela, vous devez être très, très sincères, vous ne devez admettre en vous que les vibrations justes." Je crois qu'il ne peut y avoir d'autre solution que celle-ci.

Et la dernière question qu'on me pose souvent est : "Croyez-vous que nous pourrons faire tout le chemin qu'Elle a tracé pour nous ?"
À cela, je dois dire : "Oui", si nous avons une forte aspiration, une forte volonté et le maximum de sincérité. La Mère et Sri Aurobindo sont venus à nous et ils nous ont indiqué notre but. Ils ont fait descendre en ce monde les pouvoirs nécessaires à la réalisation de ce but. Ils nous ont donné leurs instructions et, si nous les suivons, nous sommes sûrs d'aller de l'avant et Ils nous ont donné tout leur soutien et leurs bénédictions. Donc, étant les enfants de Mère, je ne vois pas pourquoi nous serions incapables de réussir. À franchement parler, la Vérité et le Pouvoir, la Vérité qu'Ils ont établie sur Terre et le Pouvoir qu'Ils ont fait descendre pour la réalisation de cette Vérité, sont répandus aux quatre coins de notre pays et dans le monde entier et je suis sûr que partout où il y aura une sincérité suffisante, une aspiration suffisante, cette Vérité viendra au jour et cette Vérité sera réalisée. Mais étant à l'Ashram, nous sommes dans une position plus privilégiée. Nous Les avons vus, nous Les avons entendus, nous avons été personnellement guidés par Eux et je suis sûr qu'il nous sera plus facile de marcher sur Leur chemin ici à l'Ashram où ils ont créé une atmosphère favorable. Je crois que deux choses sont absolument nécessaires. Nous pouvons déjà sentir qu'il y a des gens qui veulent nous voir désintégrés. Ils seraient très contents si nous étions tous démolis. À ceux-là, nous pouvons donner une réponse appropriée si nous restons strictement sur le chemin de la Vérité. Cela nous rendra dignes d'obtenir le maximum de protection de la Mère et de Sri Aurobindo et il n'y a pas de pouvoir sur terre qui puisse nous nuire en rien. L'autre chose que nous devrions faire, c'est de rester fortement unis en oubliant "moi" et "mien" et en les remplaçant par "nous" et "nôtre".

(traduit de l'anglais)

Imprimé à Auropress, Auroville, Inde
Pour les Éditions Auropress, Sri Aurobindo Ashram Trust, Pondichéry-605002
1977

Note de Bernard: Le 24 février 2000, quelques jours à peine après le darshan-day de l'anniversaire de Mère, je recevais par la poste les 17 volumes en anglais des oeuvres complètes de Mère - Complete Works of the Mother CWM.
C'était une édition d'occasion, que j'avais trouvée sur le Net et que le libraire a mis un certain temps à me faire parvenir.
A l'intérieur du volume 3, qui contient les Entretiens de 1929 et 1930-31, j'ai trouvé les 8 feuilles imprimées contenant le texte ci-dessus.
J'ai pensé aussitôt qu'il n'y avait pas de hasard, et que justement je n'avais que trop lu de l'affaire que la version de Satprem et que celle-ci pouvait y faire contrepoint ou tout au moins faire entendre un autre son de cloche.

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